Résumé :
» Soudain, entre deux voitures, à l’endroit où il ne l’attendait pas, il la vit passer de nouveau. Elle s’éloignait vers l’autre extrémité du carrefour. Durant quelques secondes, il put la détailler. Une robe courte découvrant des jambes fines. Les jambes de Marie. Il les avait si souvent caressées qu’il les aurait reconnues entre mille, même d’aussi loin. Il s’étonna toutefois de cette veste étrangement chaude pour être portée par une telle chaleur, et ce petit vélo blanc qu’il ne lui connaissait pas. Mais cette démarche souple qui soulevait légèrement ses cheveux à chaque pas était bien celle de Marie.
Et pourtant ce n’était pas exactement elle. Il eut soudain l’impression soudaine qu’il s’agissait de Marie, il y a… vingt-cinq ans ! »
Sur fond de drame sanitaire de la canicule à Paris en 2003, ce roman, sans cesse aux frontières du réel, aborde, avec une grande finesse d’analyse, la crise du milieu de vie, la nostalgie de la jeunesse enfuie et le rêve fou de revivre la passion amoureuse des débuts.
Mon avis :
Il y a plusieurs jours que j’ai achevé ce roman, et j’ai encore du mal à en parler. Il m’a laissée une impression de douceur et d’amour, mais une profonde tristesse également s’empare de moi lorsque je porte un regard plus reculé sur ce récit.
En ce qui concerne l’histoire, nous découvrons Antoine, lors de la canicule de l’été 2003, médecin dans un hôpital Parisien, marié à Marie, depuis plus de vingt-cinq ans.
Subitement, alors qu’il se trouve dans sa voiture, il voit, à un carrefour, une femme qui ressemble étrangement à sa compagne, mais lorsqu’elle avait 17 ans.
S’en suit alors un imbroglio de questions, qui pendant des années son restées sans réponses.
En parallèle à son envie dévorante de découvrir qui se cache derrière la jeune fille qui est le portrait craché de sa femme, il va tenter de trouver des explications sur le passé de son épouse, qui cache un profond secret de famille. Pour cela il va s’aider de sa peinture pour le moins abstraite et flou.
Pendant tout le récit, nous vagabondons entre la supposition qu’un phénomène paranormal se soit produit, ou la conviction qu’Antoine imagine sa femme en cette jeune fille, parce que le temps à une prise sur le corps et qu’il n’arrive pas à l’accepter.
Ce dernier thème nous donne donc matière à réfléchir, sur le fait que la jeunesse n’est pas éternelle, que les hommes, taraudés par le »démon de midi », préfèrent ce détacher de leurs épouses, et succombent à la tentation. Cela peut paraître superficiel, mais l’auteur détourne le tragique de ce sujet, pour le recentrer sur l’amour éternel.
Néanmoins, la fin est tragique, puisque le couple n’a pas conscience qu’ils s’aiment en dépit de tout, même du temps et de l’espace. Les doutes seront donc toujours présents…
Cette histoire m’a fait penser à »La fille de papier » de Guillaume Musso, dans le thème abordé, mais écrit de manière plus abstraite et contemporaine.
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Points positifs : la peinture abstraite de Marie, le thème de l’amour éternel inconscient, la douceur et le tragique des mots
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Points négatifs : l’intrusion un peu brusque dans la manière de gérer la canicule de 2003, par les médias et le corps médical
Extraits :
» On souffre d’autant plus que l’amour est puissant et l’attachement profond, comme cette vie qu’on refuse d’abandonner jusqu’à son dernier souffle, non parce qu’elle est belle, mais parce que c’est la vie. » (p. 60)
» Il avait envie de la fondre en lui, de l’incorporer dans sa chair, dans son torse, de la faire couler dans ses veines jusqu’au fond de sa tête comme si elle était devenue une part de lui-même. » (p. 85)
L’auteur :
Médecin urgentiste à Paris, Loïc Etienne est auteur d’un essai sur la médecine et d’un recueil de nouvelles. » Es-tu celle que j’aimais ? » est son premier roman.
Il est l’un des rédacteurs du Guide Vidal de l’automédication, et est également à l’origine du site Docteurclic.com.
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