Conférence : écrire dans un monde numérique

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Mardi soir, en allant à mes cours, j’ai entendu à la radio que dans ma ville il y avait une conférence de novembre à janvier sur le livre numérique, par rapport à ses lecteurs, auteurs et éditeurs. Ni une, ni deux, je décide d’y aller !

J’ai malheureusement manquée la semaine dernière une conférence sur les liseuses, moi qui voudrait investir dans ce nouveau mode de lecture, c’est dommage, mais cela ne m’a pas freinée pour autant !

En sortant de cours, je prends donc le bus et me rends dans la médiathèque où était organisée la conférence, et là, ô surprise, un apéritif nous attendais !

Après avoir dégustée quelques délicieux petits macarons, nous entrons dans une salle pour enfin entendre la conférence tant attendue. Nous ne sommes qu’une petite vingtaine, mais l’impatience se fait sentir, même sur le coup des 21 heures.

Le maître de conférence présente les invités, et le programme bien alléchant. Nous sommes donc en présence de Jean-Christophe Lopez, co-éditeur des éditions 6 pieds sous terre, et des éditions Altercomics, à l’origine d’un logiciel de production de livres numériques ( ebook-lr ). Ainsi que l’un de ses auteurs, Gilles Rochier, qui a publié l’album  »Ta mère la pute », prix Révélation du dernier festival de la bande dessiné d’Angoulème.

Le premier grand thème de la soirée est le position des auteurs et éditeurs, par rapport au livre numérique. Le constat est que certains auteurs souhaitent n’être publié uniquement en papier, ou seulement en numérique. Dans ce cas là, avec l’avènement d’internet, est-ce que finalement les éditeurs seront encore utiles aux auteurs ? Ces derniers grâce à de nombreux sites, peuvent s’autoéditer ( à l’image de E. L. James auteur du controversé  »Fifty Shades of Grey » ). L’avis de Gilles Rochier sur ce point : est que pour lui, un éditeur est une sorte de  »père », il a son mot à dire sur le texte et apporte une touche commerciale à la conception artistique : ce que les gens attendent, par exemple. Selon, Jean-Christophe Lopez les auteurs aiment avoir des retours sur une première lecture de leur production. Et toujours selon lui, vivre aujourd’hui uniquement de l’édition de son livre en numérique est encore difficile. L’obstacle pour Jean-Christophe est l’ambiguïté qu’il peut y avoir à ne plus savoir de quelle édition provient le livre que l’on achète en numérique : car pour certains lecteurs, la maison d’édition est représentatrice d’une ligne éditoriale, ce qui constitue un point de repère.

Autre problèmes pour les éditeurs : ils ont un droit de publication en numérique, mais ne savent comment réellement l’exploiter aux maximum de ses capacités. Car il n’y a pas de contrat de droit d’auteur a proprement parlé sur se sujet, cela rentre désormais dans ce que l’on nomme  »les droits dérivés ». Gilles Rochier ne doute pas qu’il faut faire confiance aux éditeurs et que dans peu de temps, nous verrons apparaître un contrat plus aboutit. Notamment sur les auteurs de littérature graphique, qui diffère dans cette production des auteurs de romans, mais pour lui, cela fait partis des  »nouvelles responsabilités de l’auteur ».

Et enfin, l’autre thème de cette conférence est ce nouvel attrait pour le numérique : le prix est désormais un atout majeur ! Mais que fait-on de la loi des 70 ans après la mort d’un auteur, où ces œuvres tombent dans le domaine public ? En numérique, le livre sera toujours accessible, contrairement à certaines versions épuisées en papier. Cela arrange certains auteurs, qui voient oubliés leur livres de jeunesses plus ou moins ratés, ce que le numérique rends impossible. Cela pose la question du patrimoine.

Mais également une nouvelle vision de la littérature, le numérique apporte avec lui de nouvelles pratiques de commercialisation du livre : les agents littéraires virtuels.

Certains sites comme :  »piluke.com », voit la possibilité a l’auteur de proposer son livre, au lecteur de lire gratuitement et d’évaluer des écrits, et enfin cela permet à l’éditeur de trouver de nouveaux écrits à publier suivants les avis des internautes.

Cela rejoint le fonctionnement de  »bibliocratie.com », qui voit le livre édité si il y a un nombre de souscription assez importantes.

Il y a notamment le site  »vampireactif.com » où les éditeurs cherchent des auteurs, qui ont une écriture différente et atypiques.

Mais cela pose le soucis de la crédibilité de l’auteur : tout le monde peut écrire, et donc être publier devient facile. Le plus souvent ce procédé est fastidieux, les auteurs ne savent pas bien où envoyer leur écrits, dans quels maisons d’éditions. Dans la plupart des cas cela s’apparente à un fantasme, qui devient réalité avec ces nouvelles pratiques.

C’est avec le temps que nous verront si l’avènement du numérique est bénéfique à toute la communauté livresque : tant aux lecteurs, qu’aux auteurs et aux éditeurs.

Rendez-vous le 31 janvier : pour une conférence sur les blogs littéraires, qui sont une nouvelle forme d’écriture critique.

C’est lundi, que lisez-vous ? ( n°15 du 26 novembre 2012 ) :

Ce rendez-vous, initié par Malou, est désormais repris par Galleane, qui s’occupe de faire le récap des liens.

On va répondre à ces 3 questions :

  • 1. Qu’ai je lu la semaine passée ?
  • 2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?
  • 3. Que vais-je lire ensuite ?

Mes lectures de la semaine passée :

 

 »Toyer » de Gardner McKay :

Hé oui j’ai terminée cette semaine ce livre puissant, qui m’a tenue en haleine 3 semaines tout de même ! ( Pour ma défense il fait plus de 700 pages ^^ ) Malgré un début un peu long et lent, qui est tout de même un passage obligé afin de mettre en place l’intrigue et la complexité psychologique de ce que traverse les personnages. J’ai été totalement embarquée dans la suite de l’histoire, qui devient une course poursuite contre un tueur d’un tout autre genre. Je me suis prise au jeu de savoir qui était Toyer et lorsque nous, lecteur, savons enfin la vérité cela ne fait que commencer pour les personnages ! J’ai adorée être dans la tête de Toyer, et découvrir les ravages qu’il peut produire sur les personnages ! C’est un thriller psychologique très fin, qui peut rendre fou, si l’on n’y prend pas garde. L’écriture de l’auteur est une réelle perle, si puissante, si vrai, que s’en est effrayant ! Les thèmes abordés sont très réalistes, la folie d’un tueur exacerbée par les médias, la psychose et finalement la fascination qu’il peut engendrer sur la population.

 

Les 7 péchés capitaux – tome 1  »Luxure et rédemption » de Erin McCarthy :

Afin de totalement me détendre suite à  »Toyer », j’ai décidée de sortir ce livre de ma PAL, et j’ai particulièrement bien fait ! Cette saga à pour fil conducteur les 7 péchés capitaux, avec des personnages différents à chaque tome !

Nous retrouvons ici le péché de luxure, qu’inspire Damien, depuis 200 ans, suite à un pacte avec un démon. Marla, une jeune femme bien rangée cherchant sa sœur disparue, arrive au domaine du beau Damien. S’en suit un imbroglios de sentiments, entre réfutation d’un désir pourtant visible et acceptation de ce dernier.

Certes l’histoire est parfois cousue de fil blanc, mais l’auteur à su parfaitement rénover le genre ! Ici le thème de l’amour impossible est justifié par l’incapacité à vivre avec quelqu’un de foncièrement instable, froid, calculateur, et la seconde d’après doux et sensuel. La maternité y est décrite tant au présent que dans le passé du 18eme siècle, avec des comportements différents selon les femmes.

Une saga sur le péché contient forcément des scènes de sexe, surtout que c’est justement une littérature érotique : ces dernières sont joliment décrites, tantôt voluptueuses, tantôt plus animales, mais toujours avec une justification : la découverte d’un monde de plaisir.

L’écriture de l’auteur est simple, mais recherchée et j’ai été étonné du style qui est plus travaillé que je ne m’en serai douté au premier abords. Cette lecture aura donc rempli son rôle malgré une intrigue parfois un peu bancale et simpliste.

Ma lecture en cours :

 

 »Uglies » tome 1 de Scott Westerfeld :

J’ai décidée de commencer cette saga qui est dans ma PAL depuis des lustres ( j’en ai honte ! ), car ma Bouchon des bois adorée en à fait des chroniques sublimes qu’elle ma donnée terriblement envie ! De plus cette semaine, j’ai 3 exams de fin de semestre, alors autant vous dire qu’il me faut une petite lecture dans le monde de l’imaginaire afin de me détendre =)

A vous désormais ! Que lisez-vous ?

Je tiens à remercier Galleane, qui à très gentiment acceptée que je mette mon lien sur son blog !

RSVP de Helen Warner :

Titre : RSVP

Auteur : Helen Warner

Édition Milady Romance, collection Central Park, 2011

Résumé :

 » Quatre femmes. Un mariage. Une journée qui va changer leur vie.

Anna, Clare et Ella se retrouvent au mariage de Rachel et Toby. Il est l’ex d’Anna, qui voyait en lui l’homme de sa vie. Tandis que Rachel est confrontée à ses doutes, Anna a le cœur brisé et hésite à se rendre à la cérémonie. Clare, sa meilleure amie, la convainc d’affronter cette épreuve pour enfin tourner la page. Quant à Ella, elle compte bien saisir cette occasion de séduire le seul homme qui lui ait jamais résisté.

Leurs destins, chamboulés, vont se croiser, se défaire et se refaire.  »

Mon avis :

Après la très forte impression de  »La nuit du Sérail », j’ai voulu quelque chose de très léger, comme une transition qui passerait facilement. Quoi de mieux qu’un bon milady romance, moi qui n’en n’avait jusque là lut qu’un seul. Malheureusement, je n’ai pas été très convaincue par celui-ci…

Pourtant l’histoire était séduisante aux premiers abords : des amis de lycée se retrouvant à l’occasion d’un mariage, où chacun à des attentes particulières, et va tout tenter pour les réaliser. Au péril des autres… Oui, mais malheureusement seules les premières pages m’ont arrachées une envie de savoir ce qui se tramait entre ces mystérieux non-dis. Mais le soucis, c’est que l’on sait très vite ce que le passé a été, pour que les personnages en arrivent ici à ce moment précis.

Les chapitres sont découpées en fonction du point de vue des personnages féminins essentiellement, écrit à la 3eme personne du singulier, ce qui permet un rythme assez fluide, nous ne perdons jamais une héroïnes bien longtemps, et cela nous donne l’eau à la bouche.

Pour les personnages :

Anna, est sensible et crois au seul et unique amour de sa vie, elle l’attends même si il semble passer à autre chose, en se mariant avec une autre. J’ai plus d’une fois eu envie de la gifler, et de lui dire de se secouer, mais elle m’a fait tout de même beaucoup pensée à moi. C’est en quelque sorte le personnage principal, celle par qui tout arrive.

Sa meilleure amie, Clare, est plus dure, elle privilégie sa carrière aux relations amoureuses, mais la vie va se charger de la faire changer d’avis d’une façon bien particulière. Son évolution est peut-être parfois trop rapide, elle change de position trop facilement.

Ella est le type de personnage qu’on ne peut supporter, mais plus on la connaît, plus on découvre les failles qui se cache en elle, plus on comprends comment elle en est arrivée là.

Enfin, Rachel, pour terminer le tour des personnages féminins, est celle dont on sait le moins de choses sur son passé, mais elle va avoir une influence très forte sur le présent des autres personnages. C’est quelqu’un de profondément bon et généreux. Douce, et forte à la fois. J’ai vraiment eu un bon feeling avec elle.

En ce qui concerne les personnages masculins ; Toby nous est dépeint comme le parfois petit amis, doux, compréhensif et accessible.

Les autres personnages masculins secondaires sont des archétypes de sentiments et de  »bon copains ».

Donc une galerie de personnages plutôt sympathiques, quoi qu’un peu caricaturés. Leurs réactions sont parfois violentes pour peu de choses, et d’un autre côté ils laissent passer des choses insensés !

L’intrigue est très moderne, une petite romance bien dans l’air du temps, très agréable. Les thèmes explorent des réalités très contemporaines, ce qui fait que l’on s’attache et que l’on comprends plus facilement, peut-être, les personnages. Le thème du couple qui à une différence d’âge marquante, avec toutes les complications que cela entraîne : le regard des autres, leur incompréhension. Mais également la possessivité d’un être qui se sent sur le déclin, et qui à peur de la jeunesse de sa moitié tout en la fantasmant.

L’amour de jeunesse qui est le plus mémorable dans une vie : cette incapacité à passer à autre chose. Ce rêve de revenir en arrière où tout était plus facile.

Le désir et la peur de la maternité.

Un thème que j’ai adorée suivre est celui d’un personnage découvrant son goût pour l’écriture. C’était fascinant de la voir s’explorer elle-même en explorant l’art du récit !

Tout cela est traité mais avec un peu trop de rapidité. Les événements s’enchaînent rapidement, et l’on passe d’un état à un autre chez un même personnage, trop facilement. J’ai trouvée cela dommage, et c’est ce qui fait que j’ai été déçue.

L’écriture est simple, mais peut-être trop simple pour moi, pas assez travaillée, bien que très fluide. L’auteur sait faire passer les sentiments, mais j’ai eu une impression d’oralité dans l’écriture, et cela m’a un peu gênée.

Mais peut-être ces nombreux petits défauts sont dues au fait que  »RSVP » est le premier roman de l’auteur. Ceci explique probablement cela : une écriture qui se cherche encore, une exploration de l’intrigue et de ses ressors et détours possibles.

En conclusion, une petite romance douce-amère, que j’ai appréciée de part les thèmes évoqués, mais qui m’a laissée plus froide au niveau de l’écriture, peu travaillée, trop fluide, et des événements trop rapides. Je ne sais donc pas si je retenterai l’expérience avec cette auteur. Peut-être car je suis persévérante et qui sait peut-être trouverai-je une pépite =)

  • Point positif : les thèmes abordés
  • Points négatifs : tout ce passe trop vite, l’écriture n’est pas assez travaillée, les personnages caricaturés

Extraits :

–  » Le passé est tout ce que l’on sait l’un de l’autre, répond gentiment Toby. On ne sait rien du futur – pour l’instant. On s’est perdu en chemin.

– « On n’a qu’a se perdre ensemble. » C’est ce que tu m’avais dit quand je t’ai rencontré la première fois, murmure-t-elle, se noyant dans son regard.  »

  » – Mon dieu ! chuchote Monica. A leurs simagrées, on pourrait croire que, dans une vie antérieure, tu étais Hitler en jupon !  » ( p. 273 )

L’auteur :

Helen Warner a consacré une grande partie de sa carrière à travailler sur quelques une des plus célèbres émissions de télévisions britanniques, comme Deal or No Deal, Come Dine With Me, Loose Women et This Morning. Elle vit à East Anglia avec son mari et leurs enfants. RSVP est son premier roman.

La nuit du Sérail de Michel de Grèce :

Titre : La nuit du Sérail

Auteur : Michel de Grèce

Édition Olivier Orban, 1982

Résumé :

 » Aimée Dubuc de Riverie, cousine de la future impératrice Joséphine, naquit à la Martinique à la fin du XVIIIe siècle. Capturée par les pirates barbaresques à l’âge de quinze ans, offerte par le Dey d’Alger au Sultan de Constantinople, elle verra dès lors toute son existence se dérouler dans le Sérail. Favorite du vieux Sultan, amoureuse et aimée de son successeur, mère adoptive d’un troisième Sultan, elle détiendra un pouvoir occulte de plus en plus important.

Rédigeant ses mémoires alors que ses jours sont comptés, Aimée revit l’incroyable aventure de l’enfant qui croyait en son destin : comment l’adolescente réduite en esclavage devint, à travers l’amour et les larmes, une jeune femme passionnée puis une Sultane au sommet de la puissance dans le monde clos, violent et fascinant de la cour de Turquie.

Michel de Grèce, en donnant la parole à son héroïne, anime d’un souffle romanesque la parfaite reconstitution d’une vie hors du commun.  »

Mon avis :

Un deuxième coup de cœur de l’année est-ce possible ? Peu de temps après le premier ? Oui, c’est tout à fait possible, car comment décrire précisément ce livre autrement que par un coup de cœur de l’année !

L’histoire relate la fabuleuse vie d’Aimée Dubuc de Riverie, à 43 ans, atteinte d’un cancer, elle revient sur son passé. Elle passe son enfance à la Martinique, entourée d’une famille aimante, toujours accompagnée de sa cousine, Joséphine. Cette dernière va l’entraîner, l’année de leurs 9 ans, chez la voyante la plus réputée de l’île. Les deux filles vont découvrir qu’elles sont promises à deux destins aussi merveilleux l’un que l’autre, et si Joséphine au fil des années, laisse cette vision mystique de côté, Aimée, elle, est persuadée de sa réalisation. C’est ici, le début d’une vie semée d’embûches et d’aventures pour cette dernière.

Cette figure historique à réellement existé, mais les historiens préfèrent la croire disparue en mer, lorsque le bateau qui devait la ramener à la Martinique suite à une séjour en France chez sa cousine, fût pris d’assaut par des pirates. C’est à partir de là que Michel de Grèce va broder une histoire tout à fait plausible en retraçant la vie d’Aimée à partir d’archives et d’écrits.

Beaucoup d’artistes et d’écrivains aiment penser qu’Aimée fût offerte au Sultan Abdoul Hamid I, à Constantinople, et qu’elle monta progressivement les échelons. De camériste ( femme de chambre esclave ), elle deviendra bientôt la Sultane Validée.

 » Ceux qui ont vraiment su qui vous étiez sont morts. Les autres ne feront que le soupçonner. Il y aura des rumeurs, peut-être des romans.  » (p. 438 ) Voici une citation qui je trouve résume parfaitement la vie de cette femme.

Nous entrons dans un monde, qui pour nous les Occidentaux, est totalement inconnu. Jamais auparavant je n’avais lu de livre sur l’Orient, et l’univers particulier des Harems. En commençant la lecture, j’appréhendais énormément de ne pas réussir à comprendre ces particularités. Mais l’auteur a su rendre très accessibles ces nombreuses codifications, puisqu’Aimée est nouvelle également et ne connaît rien aux coutumes Orientales. C’est à travers elle que Michel de Grèce, à travers son apprentissage qu’il nous les rends abordables. Son écriture y est pour beaucoup, c’est un mélange de documentaire – fiction, mais sous entendu, de telle sorte que nous assemblons les informations et les comprenons.

J’ai beaucoup appris au contact de cette lecture, sur la place de la femme dans la société Orientale, dont nous avons parfois bien des œillères. J’ai adorée cette ambiance sensuelle, mais perpétuellement cachée, sous entendue, esquissée, des beauté du corps et de l’esprit de la femme. C’est une ode à l’amour, à la volupté, qui est décrite ici. Les nombreux rangs des femmes du Harem, m’ont impressionnée et j’ai découvert un pays dans un pays ! C’est hallucinant les codifications qui y sont présentes, comme le dit un éminent membre politique au service du Sultan, à Aimée, lorsqu’elle approche de Constantinople, et du Harem :  »C’est un palais dans un palais, un État dans l’État. C’est une ville dont les habitants ne sortent jamais ; elle a ses propres lois, ses intrigues, ses drames. Aucune information, aucune rumeur ne filtre hors de son enceinte. Mieux vaux ne pas s’en approcher. Mieux vaux ne pas chercher à savoir ce qui s’y passe.  »

Bien sur, il y a le thème important de l’emprisonnement de la femme et de l’esclavage, sous des dehors de beautés inaccessibles. Comme évoqué dans la citation plus haut, personne ne sort du palais, même le Sultan ! Une partie de ce palais est réservée aux femmes, qui sont idéalisées, et doivent être parées à tout moment de leurs plus beaux atours. Nous avons souvent tendance à fantasmer ces femmes hors du commun, comme ce tournant les pouces dans leurs étoffes de soie, mais ici, pas de place au farniente, c’est le soucis du bien être de l’homme qui est au centre de tout. La vie de ses femmes est une vie d’esclavage, dont elles veulent sortir en se rendant maîtresses du Sultan, et pouvoir avoir accès a l’influence sur le Sultan et l’empire.

En ce qui concerne ce dernier point, Aimée va être éduquée sur les uses et coutumes du Harem, ainsi que sur l’histoire du pays, ce qui donnera lieux à des descriptions sur les plus influentes femmes qui ont traversées l’histoire et la vie des Sultan. Ce point historique m’a beaucoup appris, et j’ai aimée être prise dans le récit sensuel et violent de ses femmes de pouvoirs, aux destins souvent tragiques.

La magie du Harem, et de ses femmes mystérieuses, la vie recluse qu’on y mène est décrite de façon gracieuse tout en ne cachant pas ses inconvénients, et le certain tragique de la situation.

Il y a également une grande partie concernant la politique. Cette dernière est la toile de fond du livre, les guerres et les traités politiques ont façonnés le pays et le mode de vie Orientale, ce que j’ai appréciée suivre. Tout est très bien expliquée, et avec des mots simples et puissants, l’auteur nous fais passer l’essentiel des enjeux. Je me suis surprise plusieurs fois à comprendre réellement la portée de telles ou telles nouvelles lois, c’est d’ailleurs très agréable ! De plus l’auteur nous donne l’impression d’être au cœur des événements, alors que bien souvent tout ce passe entre les murs du Palais.

Les différents complots du Harem, la politique mystérieuse du Sérail, très codifiée, est finalement accessible par l’écriture de l’auteur très précise. De plus, Michel de Grèce est l’héritier de la famille royale de Grèce, conjuguée à celle des Comtes de Paris, de par sa mère. Ce qui lui donne une forte prise sur l’Histoire de France, mais aussi sur celle de l’Empire Ottoman, par son histoire familiale.

En ce qui concerne les personnages, ils sont bien campés. Complets, humains, avec des réactions réelles, des sentiments parfois compliqués, mais ils n’ont jamais qu’une seule ligne de conduite, ce ne sont pas des archétypes de telles ou telles sentiments, de telle sorte que nous pouvons tout à fait nous attacher à eux.

Le personnage principal, Aimée, nous est très attachante, puisqu’elle relate à la première personne son histoire, et nous offre quelques passages, parfois, de ses journaux intimes. C’est une figure féminine qui à toujours cru en elle, qui ne s’est jamais laissée abattre malgré le nombre de tragédie qu’elle dut traverser, et donne l’exemple d’un profond courage, d’une force incroyable et d’une capacité d’adaptation hors-du-communs.

Nous pouvons faire un parallèle entre ce livre, et les romans picaresques du 18eme, où un héros, le picaro, à travers de nombreuses péripéties gravis les échelons sociales. Ici, avec le personnage d’Aimée c’est la même chose, mais en version féminine. Elle à également une particularité, celle de changer d’identité complètement, en changeant de pays, de meurs, de traditions, et surtout de prénom !

Les Sultans que nous rencontrons au fil des pages sont tous très différents, et cela donne une grande réalité au récit. Nous comprenons les enjeux du pouvoir et la difficulté de gouverner, tout en gardant ces valeurs, ainsi qu’une certaine autorité et conserver l’amour du peuple.

L’intrigue est bien construite, nous découvrons Aimée à 43 ans, atteinte d’un cancer, faisant une rétrospective de sa vie. Nous partons de son enfance, et remontons le temps. Ces nombreuses interventions, dans le récit, sur ce qu’elle regrette ou non dans sa vie, sont fort intéressantes. Cela nous montre qu’il faut savoir accepter son passé pour avancer. L’immersion est progressive, et tout est violent, ou chaleureux. Les sentiments sont forts, et je tire mon chapeau à l’auteur qui à su parfaitement se glisser dans la peau d’une femme. Malheureusement, je déplore que la succession des événements du début soient très rapides, puis que de nombreuses ellipses soient réalisées lors de sa vie au Harem. Mais cela reste tout de même mineur, au regard des nombreux points brillants de ce récit.

Une grande réalité se dégage de ce roman de société, de vie et d’exemple de courage féminin. C’est ici la vie que l’auteur décrit en faisant revivre cette femme, cet Empire religieux, et cette époque.

Je suis donc totalement sous le charme de ce livre, et de l’univers du Harem, et j’ai commencée à faire des recherches sur d’autres titres de l’auteur et sur d’autres livres traitant de l’histoire d’Aimée Dubuc de Riverie, la Sultane Validé, car l’histoire de cette femme m’a laissée une très forte impression. Michel de Grèce à su rendre le Sérail accessible, les petites subtilisées apportées sont d’une force sans égales, que j’ai vraiment envie d’approfondir le sujet.

  • Points positifs : l’immersion progressive dans la vie et les codifications du Harem, les descriptions précises, les points de politiques très accessibles, les personnages attachants et humains
  • Points négatifs : peut être une trop rapide succession d’événements au début, puis des ellipses assez longues en milieu de livre, mais c’est vraiment pour trouver quelque chose à redire, car un livre retraçant une vie aussi tumultueuse ne peut qu’être ainsi

Extraits :

 » J’ai souvent pensé que la méconnaissance de l’avenir épargne à l’individu certains états de conscience proprement insupportables. Les occasions sont rares en effet, dans une vie humaine, où l’on peut dire avec une entière certitude : «  Ce que je suis en train de vivre là ne se reproduira jamais plus. C’est l’unique fois ».  » ( p. 83 )

 »- Tant d’hommes veulent le pouvoir, tant d’hommes tuent et s’entre-tuent pour l’obtenir. Si seulement ils savaient ce que créer le pouvoir, cette responsabilité, ce fardeau de tous les instants. Moustafa était tout heureux de devenir Sultan et le voilà, éperdu, indécis, angoissé. Et moi, tout prisonnier que je suis, je ne l’envie pas d’être à la place que j’occupais.  » ( p.164 )

L’auteur :

Michel de Grèce est le fils du Prince Christophe de Grèce, et le petit fils du Roi Georges Ier de Grèce et de la grande-duchesse Olga de Russie ; sa mère, la princesse Françoise de France, est la sœur du Comte de Paris. La Maison royale de Grèce étant une branche de la Maison royale du Danemark, le prince Michel de Grèce est cousin germain du duc d’Edimbourg, cousin du roi d’Espagne et de la reine du Danemark.

Michel de Grèce est né le 7 janvier 1939 à Rome où ses parents vivaient alors. Son père étant décédé lorsqu’il avait un an, sa mère s’installa au Maroc avec lui pendant la Deuxième Guerre mondiale, dans la maison de sa grand-mère maternelle.

Après la mort de sa mère, en 1953, le prince Michel est accueilli dans la famille de son oncle, le comte de Paris. Il effectue toutes ses études en France, jusqu’au diplôme de Sciences politiques qu’il obtient en 1960.

Ensuite, il rejoint la Grèce, servant pendant quatre ans dans l’armée à Athènes. En 1965, il épouse Marina Karella, la fille d’un industriel grec. Sa femme n’étant pas de naissance royale, il doit renoncer à ses droits sur la couronne grecque.

De 1965 à 1972, Michel et Marina de Grèce vivent aux environs d’Athènes, et c’est à cette époque que le prince écrit son premier ouvrage, Ma sœur l’histoire, ne vois-tu rien venir ?, publié en France aux éditions Julliard et couronné par le prix Cazes. Sa femme, Marina Karella, est peintre et sculpteur. Elle a dessiné des décors et des costumes pour le théâtre grec, participe à de régulières expositions à Paris, Athènes et New York, et ses œuvres sont exposées dans de très nombreux musées à travers le monde.

C’est lundi, que lisez-vous ? ( n°14 du 12 novembre 2012 ) :

Ce rendez-vous, initié par Malou, est désormais repris par Galleane, qui s’occupe de faire le récap des liens.

On va répondre à ces 3 questions :

  • 1. Qu’ai je lu la semaine passée ?
  • 2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?
  • 3. Que vais-je lire ensuite ?

Ma lecture de la semaine passée :

 

 »Attachement » de Rainbow Rowell :

Lire une petite romance en parallèle avec  »Toyer » m’a vraiment fais du bien =) Ne voulant aucunement rester sur une déception en ce qui concerne les milady romances, je me suis plongée dans celle-ci. J’ai adorée cette lecture qui fut un petit coup de cœur ! L’histoire est originale, et la fin bien qu’attendue, est particulièrement bien amenée, car le lecteur balance entre l’espoir et l’incertain. Les personnages sont attachants et très réalistes, leurs préoccupations sont les nôtres, mais le fait de référencer une certaine époque ( 1999 ) ne sert pas à grand chose, je pense. L’intrigue peut se passer de tout temps, depuis l’intercession des ordinateurs dans les entreprises. L’histoire comporte un brin de folie très agréable à suivre, de part une écriture dynamique, qui ne laisse aucun temps morts.

Béa du blog  »leblogduneblondinette » m’a dit que certaines lectrices assidus de romances l’ont décrite comme très bien construite et rassemblant tous les codes de ce genre de littérature. Je ne peux qu’approuver, même si je ne suis absolument pas calée en romance.

Ma lecture en cours :

 

 »Toyer » de Gardner McKay :

Je pense que c’est un livre à lire petit à petit, du moins pour moi, car c’est tellement réaliste et ambiguë, que c’est vraiment une histoire à psychoter. Les personnages sont de plus en plus flou, aux intentions équivoques, que cela rends les faits encore plus glaçants. L’écriture est vraiment puissante, presque cinématographique. J’aime beaucoup, finalement, je commence à entrer dans l’histoire et tente de comprendre les personnages. Je pense le finir cette semaine.

Ma future lecture et ma lecture parallèle :

 

 »Luxure et rédemption » de Erin McCarthy :

En ce moment j’ai besoin de lectures en parallèle de  »Toyer », qui est assez intense pour moi, alors je me concentre sur des livres totalement différents ! Celui-ci traînait dans ma PAL depuis au moins un an et après une brève petite recherche, j’ai découvert que 3 tomes étaient sorti mais qu’aucuns ne se suivaient ( la suite ne semble même pas être sorti en VO ) =) Une aubaine moi qui ne voulait pas de tome 1 où l’histoire se suit ! Cette saga a tout de même un fil conducteur ; les 7 péchés capitaux. Un thème que j’aime particulièrement, car même si ce n’est pas forcément très original, cela permet de nombreuses situations. Je vais donc me lancer dans ce tome-ci, qui met en scène Damien qui suite à un pacte avec un ange déchu, devient immortel. Il inspire donc désir et luxure autour de lui, et lorsqu’il rencontre Marley, il ne peut, pour la 1ere fois, pas résister à l’attrait d’une femme. Heum un peu d’érotisme dans ce bas monde ne me fera pas de mal =)

A vous désormais ! Que lisez-vous ?

Je tiens à remercier Galleane, qui à très gentiment acceptée que je mette mon lien sur son blog !

Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare :

Titre : Le songe d’une nuit d’été

Titre original : A Midsummer Night’s Dream

Auteur : Shakespeare

Traduit de l’anglais, par Jean-Michel Depras

Edition Folio Théâtre, 2003

Résumé :

 » À Athènes, la douce Hermia s’enfuit dans la forêt pour fuir Égée, son père, qui veut la marier à Démétrius, lui-même convoité par Hélèna. Hermia, elle, aime Lysandre d’un amour partagé. Lysandre, Démétrius et Hélèna la poursuivent et la retrouvent, la nuit, dans la forêt. C’est alors qu’interviennent les esprits de la forêt et souverains des elfes, Oberon et Titania, qui viennent de se quereller. Pour se venger de son épouse, Oberon commande à son fidèle Puck de verser sur ses yeux un filtre qui doit la rendre amoureuse du premier être qu’elle rencontrera à son réveil : le sort tombe sur Bottom, tisserand de son état et comédien amateur qui, venu répéter la tragédie Pyrame et Thisbé avec ses compagnons, se retrouve, par la malice de Puck, affublé d’une tête d’âne. Titania lui fait pourtant fête, tandis que le quatuor des jeunes amoureux est, lui aussi, victime de Puck : en effet, son maître Oberon lui a commandé de réconcilier amantes et amants à l’aide du même filtre, mais le lutin s’est trompé, semant du même coup la plus folle des confusions… Mais à la fin, tout rentre dans l’ordre et, tandis que Titania retrouve la maîtrise d’elle-même et Bottom sa tête d’homme, Hermia gagne l’amour de Lysandre et Hélèna celui de Démétrius. Tout est prêt pour leurs mariages, en l’honneur desquels Bottom et ses comparses présentent, de manière grotesque, Pyrame et Thisbé.

Quatre histoires d’amour vont s’entrecroiser au coeur d’une folle nuit d’été. Aucun protagoniste n’en sortira indemne, tant les rapports hommes et femmes sont ici dominés par la sensualité, l’orgueil et le pouvoir.

Mon avis :

J’ai continuée ma plongée dans Shakespeare avec ce titre, pour mon cours d’histoire du théâtre. Bien que j’ai appréciée les thèmes développés, je suis moins réceptive sur l’humour dont l’auteur fait preuve ici.

Nous pouvons tout d’abord développer le thème du  »labyrinthe » : nous avons dans cette pièce deux lieux aux fonctions contradictoires. Il y a le Palais, qui est un lieux solaire, où règne la loi du père, qui est opposé à la forêt, où l’on perds son chemin mais également son identité, les sentiments que l’on avaient pour une personne, et enfin où la morale n’existe plus, puisque toutes lois est rendu caduc, c’est un lieu du déchaînement sexuel. Le labyrinthe est un motif typique de la littérature médiévale, qui est tantôt un piège d’amour, tantôt un gouffre démoniaque, depuis  »Les métamorphoses » d’Ovide.

Labyrinthe pourquoi ? Puisque les fameux jardins à l’Anglaise de l’époque sont de véritables labyrinthes, et que la littérature a très souvent pris ce lieu pour rendre plus symbolique le désordre amoureux. Mais également parce que l’auteur fait ici de nombreuses référence à ses autres œuvres, d’où se dédale architecturale.

Référence à  »Roméo et Juliette » : Roméo tombe amoureux de Juliette au premier regard. Dans  »Le Songe », la vision est parodique avec le personnage de Lisandre puisque c’est en changeant d’espace ( du Palais où il aimait Hermia à la forêt où il aime Héléna ) qu’il change d’objet de désir suite au philtre d’amour, qui, dès que l’on pose les yeux sur quelqu’un, on en tombe systématiquement amoureux. La vision ainsi romantique dans  »Roméo et Juliette » est ici déformée.

Référence également au titre même de  »Roméo et Juliette » : le titre original est  »La plus lamentable ( au sens tragique ) tragédie est Roméo et Juliette » et la pièce que certains personnages préparent à l’intérieur même du  »Songe », est  »La plus lamentable comédie est Pyrame et Thisbé ». Cette dernière est totalement l’anamorphose ( l’inverse ) parodique de Roméo et Juliette.

Donc le labyrinthe de la forêt n’est pas seulement considéré comme un espace dans lequel le personnage se perd, mais comme un lieu dans lequel le lecteur se perds aussi, avec les multiples références aux œuvres de l’auteur, mais également à la littérature et à la philosophie de l’époque.

Shakespeare reprends ici le célèbre sonnet 176 de Pétrarque : où il est question d’un jeune homme, se promenant en forêt et assimilant toutes les choses qu’il voit aux nombreuses qualités physiques de sa maîtresse. C’est l’éloge de l’amour au premier regard. Ici, dans  »Le songe », Shakespeare reprends le lieux, mais le motif est ridiculisé par le fait que l’amour au premier regard, soit délivré par un philtre d’amour, et non par la volonté d’une puissance supérieur de l’Amour.

L’auteur reprends également le drame  »Pyrame et Thisbée » inventé par Ovide.

Nous pouvons également citer les thèmes de l’art et de l’amour : En effet  »Le songe » regorge de références à la littérature comme dit précédemment, ce qui est un procédé Baroque par excellence. Mais aussi et surtout la présence du théâtre dans le théâtre. Comme Daniel Arasse (un spécialiste du Baroque) à dit :  » au cœur du Baroque c’est la relation de l’art à sa propre technique, la relation de l’art à lui-même qui devient l’objet d’une attention artistique particulière.  » Ici la pièce dans la pièce, met en scène la vérité des personnages, leurs vies telles qu’elles auraient du être si ils n’avaient pas été dans la forêt. C’est-à-dire une pure tragédie, qui se transforme en comédie. C’est le début de la théorisation du théâtre. Notamment par la tirade de Puck, qui explique que l’on peut voir le théâtre comme un rêve, mais que la première chose qu’il génère est la vérité. C’est une vision moderne, puisque c’est dans la représentation que l’on accède à la vérité. Et que le rêve, tout comme l’inconscient est un espace où l’on représente ce réel en le réordonnant, qui donne accès à la vérité de l’être.

L’amour y est représenté, mais un amour comme un désir de beauté, puisque comme le dit Lysandre, il aime Hermia car elle est belle. Mais le chassé-croisé amoureux dans les bois, fais subir à cette définition quelques transformations. Car la beauté change avec le lieu, et celle qui était envisagée comme belle, se retrouve laide. Ici, Shakespeare ce moque de l’amour Platonicien contenue dans  »Le phèdre » : l’amour comme un désir de beauté, qui nous rapproche des Dieux, et faits s’élever notre âme. C’est le point de départ du Songe, mais l’auteur retourne cette situation dans la forêt. C’est une posture idéologique qui brise la conception philosophique de l’Amour Platonicien. Mais il ne brise pas seulement le monde et les idées de Platon, il redéfinit l’être humain comme soumis à ses pulsions animales et instinctives, et se détourne du beau. Il montre l’instabilité et le constat éphémère du sentiment amoureux, et reconstruit un monde comme l’inverse du monde Platonicien, en plus instable, où l’on peut être amoureux d’Héléna un jour, et d’Hermia le lendemain. Et c’est en construisant un monde instable où beauté et laideur sont associées voir confondues, que Shakespeare détruit complètement les idées Platoniciennes.

En conclusion,  »Le Songe d’une nuit d’été » est un manifeste idéologique, dans lequel l’auteur s’en prends à toute la tradition Occidentale : sur laquelle s’appuie la poésie médiévale de Pétrarque, mais également Ovide et Platon, dans leurs conception respectueusement de la littérature et de la philosophie. Mais il ne se contente pas de les tourner en dérision, il leur oppose des anti-modèles.

Au Platonicisme, qui suppose des valeurs et une substensialisation des idées ( l’essence de l’Amour existe donc l’Amour stable existe ), Shakespeare propose un monde instable qui est constamment en métamorphose, il n’y a plus d’essence et les contraires se confondent. ( je suis morte de rire devant ma dernière phrase !!! Plus d’essence heum je sors ^^ )

J’ai appréciée ma découverte de Shakespeare à travers ces études de livres, et je continuerais assurément avec d’autres titres de l’auteur ( déjà conseillé par Annaglasgow =) ) !

Extrait :

 » […] L’amour ne voit pas avec les yeux, mais avec la pensée ;

Ainsi on peint aveugle Cupidon ailé.

La pensée de l’amour n’a aucun jugement :

Des ailes, et point d’yeux, figurent une hâte insouciante.

Voilà pourquoi, dit-on, l’amour est un enfant :

Parce que, dans son choix, il se leurre souvent.

Comme des garçons espiègles, dans leurs jeux, se déguisent,

Ainsi le jeune Amour se parjure partout.  » Acte I, scène I

C’est lundi, que lisez-vous ? ( n°13 du 05 novembre 2012 ) :

Ce rendez-vous, initié par Malou, est désormais repris par Galleane, qui s’occupe de faire le récap des liens.

On va répondre à ces 3 questions :

  • 1. Qu’ai je lu la semaine passée ?
  • 2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?
  • 3. Que vais-je lire ensuite ?

Je pensais lire beaucoup plus durant cette semaine de vacances, mais ce fut tout le contraire ! En plus de mes révisions en prévoyance de mes semaines d’exam en décembre ainsi qu’en janvier, qui m’a pris déjà pas mal de temps, je comptais de terminer aisément  »Toyer », mais pas du tout !

De plus je me suis concentrée sur un nouvel essai : à savoir tenter de lire un livre pour la bibliothèque sonore, qui prête des livres à des malvoyants / aveugles. C’est une expérience qui me tenait vraiment à cœur, et donc j’ai mis du temps à apprivoiser le logiciel, et commencer ma lecture ( entre les coupes d’erreurs, les ratés et j’en passe cela prends du temps ). Mais j’apprécie énormément ce mode de lecture, moi qui voulait m’investir dans une association. J’ai choisi de lire une trilogie que j’ai adorée étant plus jeune : Aerkaos, une série fantastique, de jeux de pistes, de communication entre les mondes et de policier.

Ma lecture de la semaine passée ainsi que ma lecture en cours :

 

 »Toyer » de Gardner MacKay :

Je pensais rentrer tout de suite dans l’histoire, et bien ce n’est pas franchement le cas, malheureusement.  »Toyer » c’est l’histoire d’un homme que la presse surnommera  »le joueur », puisqu’on ne sait rien de lui, à part qu’il aime jouer avec ses victimes, la police, et le public. Il ne tue pas, ni ne viole, mais aime laisser  »ses femmes », comme il les nomme, à l’état de mort cérébral, afin de les conserver dans toute leur beauté, et leur poésie, j’oserai dire.

Si le fond est vraiment très prenant, glauque à souhait et sadique, je trouve que l’on ne parle pas assez de toyer lui même, les chapitres lui donnant voix étant très rare. Ici, tout ce joue sur la psychologie, et la folie autour du phénomène toyer : le monde journalistique y est dépeint de fond en comble. Cela me laisse un peu froide, et j’ai du mal à totalement m’immerger dans l’intrigue.

Le style de l’auteur est pourtant très percutant, des phrases incisives, choquantes, donnant matière à psychoter ! Je le finirai assurément, mais avec plus de temps.

Ma lecture en cours parallèle :

 

 »Attachement » de Rainbow Rowell :

Bloquant sur  »Toyer », il me fallait vraiment quelque chose de frais et rapide afin de ne pas rester des jours sur un livre, et entamer une panne de lecture. Je voulais vraiment me détendre et changer d’univers par rapport à  »Toyer ». Je me suis donc tournée vers une petite romance Milady, malgré ma très récente déconvenue avec  »RSVP », je souhaitait retenter un titre de la collection Central Park, afin de ne pas rester une déception.  »Attachement » à finalement retenue mon attention, et pour le moment, j’apprécie vraiment ma lecture ! C’est détente, frais, avec un fond de réalité et de vérité qui donne à réfléchir, saupoudrée d’un air de poésie et de romance et le tour est jouée !

Je ne me prévois rien de plus cette semaine, car les cours reprenant si j’arrive à terminer ces deux livres, je serait fière ! =)

A vous désormais ! Que lisez-vous ?

Je tiens à remercier Galleane, qui à très gentiment acceptée que je mette mon lien sur son blog !

Les chroniques de MacKayla Lane – tome 2 Fièvre Rouge de Karen Marie Moning :

Titre : Les chroniques de MacKayla Lane – tome 2  »Fièvre Rouge »

Titre original : Fever, book 2 : Bloodfever

Auteur : Karen Marie Moning

Traduction de l’américain par Cécile Desthuilliers

Edition J’ai Lu, 2007

Résumé :

 » Je suis une sidhe-seer, une humaine capable de voir les faës, ces effrayantes créatures d’un autre monde installées parmi nous depuis des millénaires et dissimulées sous des voiles d’illusion. Mon univers a commencé à se fendiller à la mort de ma sœur, et j’ai l’impression que, depuis, il n’en finit plus de s’effondrer. Je ne parle pas seulement de mon petit monde personnel : il s’agit aussi du vôtre.

Les murs entre humains et faës sont en train de s’écrouler. Et je suis la seule à pouvoir nous sauver.  »

Mon avis :

Il y a quelques mois j’ai lu le 1er tome Fièvre Noire ( chronique ici ), qui m’avait particulièrement emballé de par une mythologie très innovante, qui n’avait pas fini de dévoiler ses mystères. Le secret de l’origine de Barrons très bien gardé, la suite de la quête de l’assassinat d’Alina, alignée à la découverte de la véritable nature de Mac, me donnaient envie de continuer mon voyage initiatique dans les rues sombres de Dublin et dans la magnifique librairie de Barrons.

Depuis, ce 2eme tome dormait tranquillement sur mes étagères, me faisant de l’œil à chaque fois que j’y posais les yeux, si bien que je l’ai sorti pour passer un moment avec Barrons, mais pas que !

( attention risque de spoilers )

L’histoire reprends quelque jours seulement après les derniers événements du tome 1, Mac est toujours à la recherche de l’assassin de sa sœur, mais également de ses origines de sidhe-seer. Barrons est toujours auprès d’elle, afin de la sortir de nombreux pétrins, ainsi que le légendaire faë de volupté fatale : V’lane ! Mais ici Mac est au prise avec un bon gros méchant, qui va lui donner du fil à retordre…

Je dois avouer que je me suis rafraîchis la mémoire en relisant le lexique, présent à la fin du roman, afin d’aborder ce deuxième tome avec tous les détails de l’univers en tête. Petit bémol, certains termes ne sont pas présents dans le tome 1, mais dans ce tome-ci. J’ai appréciée que l’auteur prenne parfois le temps, en quelques petites phrases, de nous restituer les faits qui se sont produits auparavant. Ce qui est très agréable, sans pour autant être une perte de temps, car les personnes qui comme moi, ne lisent pas les tome à la suite, sont parfois un peu perdus. Ici, pas du tout ! Nous avons l’impression de retrouver la situation telle quelle.

En ce qui concerne les personnages, nous rejoignons une Mac un peu transformée : moins superficielle, elle comprends que les enjeux sont importants et que ce n’est pas du chiqué. Elle prends ses responsabilités à bras le corps et même si, elle nous le dis clairement, déteste cette nouvelle vie, elle est bien obligée de s’y faire une petite place, si elle ne veut pas voir le monde sombrer dans le chaos. Elle nous avoue qu’elle n’est plus certaine de ce en quoi elle croyait si fort, les bases de son univers s’effondrent. J’ai aimée cette franchise, cette fragilité, car la plupart des héroïnes de bit-lit font les fiers, elle, reste humaine. Il est peut-être plus facile de se sentir proche d’elle par cela.

Barrons, lui, est toujours aussi énigmatique… Je crois que c’est le mot qui convient. Nous ne savons toujours pas qui il est, ni ses réelles motivations. Il devient encore plus ambiguë, et nous basculons sans cesse du mal au bien, avec lui ! Mais chaque petit indice laissé, est une vraie pépite d’or pour la suite =) Il donne encore l’impression d’utiliser Mac pour son profit personnel, mais il semble avoir encore plus de corde à son arc que nous le pensions. Alors à quoi peut lui servir Mac, qu’il semble vouloir garder à tout prix auprès de lui ! Heum anguille sous roche, surtout qu’ils se l’avouent eux même, ils n’ont absolument pas confiance l’un en l’autre, et seraient prêt à tuer l’un si l’autre en venait à la trahison ! Autant dire que leur relation est telle une cocotte minute, remplie de sensualité retenue, de combats mortels, et de non-dits !

Nous en apprenons plus dans ce tome ci sur la mythologie de l’univers, toujours au contact de Barrons, qui distille ces informations au compte goutte, mais également à travers le faë de volupté fatal, V’lane. Ce dernier lui explique certaines particularités du monde des faës, que Barrons passent sous silence, ce qui le rends encore plus obscure. Cette mythologie est vraiment très intéressante, plus on en découvre, plus en à envie de plonger tout entière dans ce monde ! Je déplore par contre, que nous n’ayons pas plus d’extraits du journal de Mac, puisque cela restituait tout de même très bien ces sentiments et nous permettait de comprendre et suivre avec elle ses premiers pas dans l’univers sombre de Dublin.

Mais le gros bonus du roman est le fait que Mac en découvre plus sur ses origines de sidhe-seer, sur lesquelles Barrons ne peut la renseigner. Il n’est donc pas tout puissant et ne sait pas tout, ce qui peut-être un avantage pour notre héroïne, comme un inconvénient, car elle est encore novice. Ces parties sur la naissance du clan sidhe-seer sont très intéressantes, car Mac hésite finalement entre deux clans, et les pions sur l’échiquier ( comparaison de Mac elle-même ), se font de plus en plus nombreux, avec l’arrivée de personnages secondaires. Ces derniers sont présentés partiellement, car l’on sent qu’ils vont prendre une part importante dans la suite des événements, et qu’ils sont tous plus ou moins en demis-teintes, à la fois bon et mauvais. J’aime cette complexité, qui ne réduit pas l’histoire à une simple quête du bien contre le mal. Même si le gros du roman est manichéen, tout est plus ou moins teinté de nuances, comme nous le fait comprendre Mac, d’où sa difficultés à savoir à qui se fier.

L’intrigue, quand à elle, comporte plus d’actions, du moins les choses avancent plus rapidement, et je n’ai pas ressentis de facilités à la résolution des péripéties, comme dans le tome 1.

Les personnages sont plus mystérieux les uns que les autres, les créatures sont effrayantes et particulièrement originales, le monde et les actions sont plus développées. Un tome qui nous plonge réellement dans l’univers créer par l’auteur, et qui nous donne vraiment envie de savoir ce que la suite nous réservera.

L’écriture de Karen Marie Moning est toujours un réel plaisir à lire ! C’est fluide, plus directe que dans le premier tome, même si nous avons encore quelques digressions sur les faits quotidiens de Mac et ses tenues. L’humour y est toujours présent, et je le répète cela ajoute considérablement à l’histoire. Je me suis surprise à rire à plusieurs reprises, toute seule dans mon appart, et cela fait vraiment du bien, après une journée de cours !

J’ai passée un excellent moment, les petits points négatifs du premier tome, se trouvent ici plus atténués. L’intrigue commence vraiment à se former, et le développement de l’univers ainsi que les personnages sont très agréables à suivre, car le suspense est toujours très bien conservé, tout en nous dévoilant tout de même suffisamment d’indices pour ne pas perdre d’attrait.

  • Points positifs : l’action y est plus présente, les personnages commencent à se révéler ainsi que la mythologie de l’univers, de nouveaux personnages font leur entrée
  • Point négatif : peut-être encore un peu trop de détails sur les tenues et fait quotidiens de Mac, mais cela est moins présent que dans le tome 1

Extrait :

Barrons et moi avions notre façon à nous de communiquer. Nous tenions des conversations silencieuses lors desquelles nous pouvions exprimer par le regard tout ce que nous ne formulions pas à haute voix, et nous nous comprenions à la perfection.

 » Si vous massacrez un autre de mes tapis de collection, j’aurai votre peau, s’abstint-il de rétorquer.

Je ne peux pas vous empêcher de fantasmer, ne répliquai-je pas.

Je n’ai que faire d’une gamine comme vous dans mon lit, mademoiselle Lane, garda-t-il pour lui.

Rassurez-vous, ne répondis-je pas. Même si c’était le seul endroit dans tout Dublin à l’abri du Haut Seigneur, ne je voudrais pas y aller !

– Vous pourriez bien finir un jour par changer d’avis sur ce point.

Il avait parlé d’une voix si basse qu’elle en était presque inaudible, mais si rauque qu’un frisson nerveux me parcourut.  » ( p. 92 )

Petit plus : Le titre du premier tome vient de la colère de Mac à propos de l’assassinat d’Alina, et celui-ci évoque la vengeance à laquelle Mac aspire. (  » S’il tuait sans moi celui qui avait tué ma sœur, je le tuerai ! La fièvre noire que j’avais contractée la nuit de mon arrivée à Dublin avait pris une nouvelle forme, celle d’une fièvre rouge – de la couleur du sang que je brûlais de verser en mémoire de ma sœur.  » p. 232 )