Toyer de Gardner McKay :

Titre VF / VO : Toyer

Auteur : Gardner McKay

Traduit de l’anglais américain, par Fabrice Pointeau.

Édition du Cherche Midi, 2011

Genre : Thriller

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Résumé :

 »Los Angeles est la proie d’un monstre très particulier. Un homme qui ne viole ni ne tue les femmes mais leur réserve un sort peut-être pire encore : il les séduit, les kidnappe, joue avec elles, puis les abandonne à l’état de mort cérébrale. Neurologue, Maude Garance est en charge des neuf victime de celui qui la presse a surnommé Toyer. Bouleversée par le sort de ces femmes, elle accepte la proposition que lui fait Sara Smith, une jeune journaliste ambitieuse : s’adresser directement au coupable par voie de presse. C’est le début d’une relation très particulière, par médias interposés, entre Maude et Toyer, qui bien vite passionne un lectorat avide de sensations. Grisé par une célébrité grandissante, Toyer commettra-t-il le faux pas qui permettra de l’identifier ? Alors que dans l’ombre Maude et Sarah continent d’enquêter, elles ne tardent pas à réaliser que leur mystérieux interlocuteur est beaucoup plus proche d’elles qu’elles ne le croyaient.

Dans ce thriller très stylisé, qui ne laisse pas une minute de répit au lecteur, Gardner McKay nous offre un art magistral de l’intrigue et du suspense une réflexion passionnante sur les relations entre le bien et le mal, la société et les médias.  »

Mon avis :

J’ai découvert ce livre sur la chaîne de lectricepassionee, qui le décrivait comme psychologiquement très prenant, et je ne peut que le confirmer. Il m’aura fallu presque 3 semaines afin de lire ce roman, et entrecoupé de romances, parce que j’ai été complètement prise par la psychologie et l’emprise de Toyer !

Le livre est découpée comme une pièce de théâtre, comme un véritable coup de théâtre en 3 actes :  »Le commencement »,  »le milieu » et  »la fin », qui nous submerge par ce côté prémédité de Toyer, qui ne laisse rien au hasard. Les chapitres sont courts voir très courts, et alternent une narration omnisciente, à la troisième personne, qui permet un rythme soutenue et des enchâssements d’intrigues, qui ce terminant sur des cliffhangers, donnant envie de continuer dans ce sentiment de vitesse et de folie, qui détermine le roman.

Tout d’abord, nous rencontrons Maude Garance, neurologue qui s’occupe des victimes d’un dangereux psychopathe d’un genre nouveau, qui ne viole pas ni ne tue ses victimes, mais les laissent dans un état de mort catatonique. Cette femme est particulièrement révoltée par l’incapacité de la police à appréhender ce fou (puisque tant qu’il n’y a pas meurtre au sens propre, ce n’est pas un tueur, et aucune loi ne permet de le juger comme tel), et va tenter de comprendre le fonctionnement, ou dysfonctionnement, de son esprit. J’ai beaucoup aimée ce personnage, qui cache de nombreuses blessures que l’on découvrent au fur et à mesure. Elle est plus compliquée qu’elle ne le paraît aux premiers abords, et elle subit une évolution assez radicale, bien qu’étrange, mais compréhensible, tout au long du roman.

Avec elle est développé le souci de l’éthique professionnelle : effectivement, comme dit dans la 4eme de couverture, avec l’aide d’une journaliste, elle va écrire à  »Toyer », nom donné par la presse à ce psychopathe. Elle va faire état de sa pathologie, mais en faisant confiance à son instinct, sans l’avoir rencontré. Ses lettres sont très personnelles afin de faire réagir Toyer, mais plus elle va entrer en contact avec cette image mentale qu’elle se fait de lui, plus elle va subir une évolution se rapprochant du syndrome de Stockholm.

La journaliste qui incite Maude à entrer en contact avec Toyer est Sarah Smith, c’est elle qui donnera  »Toyer » comme surnom au psychopathe, puisqu’il joue avec ses victimes, en leur faisant croire à une impression de sécurité à son contact, en les sauvant de diverses manières. Ses articles vont lui faire découvrir que le public peut créer un véritable monstre par le biais des médias, là encore syndrome de Stockholm en perspective, mais par une vision de masse, de moutons j’oserai dire, qui va se passionner pour les aventures de Toyer, comme celles de Sherlock Holmes ! Nous entrons dans le monde impitoyable du  »toujours vendre plus », au mépris de certaines conventions et règles de bienséances. Ce dernier thème est développée et généralisée sur le presse : faut-il publier les confessions d’un psychopathe ? Les taire pour la décence ou les révéler pour l’information ?

Le lecteur découvre Toyer, comme un inconnu venant au secours de jeunes filles en détresses, en instaurant ce climat de confiance, ce pouvoir de manipulation, d’influence et d’attraction qu’il exerce sur ses victimes. Le moindre de ses gestes, la moindre de ses paroles, est préparés à l’avance et millimétrés comme un acteur. C’est quelqu’un de sadique, qui s’immerge complètement dans la vie de ses victimes, en les regardant vivre et en adoptant certains de leur comportement.  »Un comportement psychotique hautement contrôlé. » ( p.93 )

‘Bien sûr que c’est un monstre, Billy, mais il a du charme. Nos monstres sont des gens de tous les jours. Pour créer un vrai monstre, il faut créer un personnage avec un véritable besoin, d’accord ? Une personne innocente avec un problème. Une bizarrerie. N’importe qui peut en devenir un. On est plus à l’abri avec des léopards.  » ( p.274 ) Ce besoin cité ici, est le besoin de reconnaissance, de célébrité, qui est attisée par l’avidité des lecteurs à suivre ses aventures. Maude dira qu’il à une pulsion de répétition qui apaise momentanément la douleur. On nous dévoile les tenants et aboutissants d’un esprit psychotique, et le monde psychologique est très intéressant, car il est révélé habilement, pour des amateurs, a travers d’exemples concrets.

En ce qui concerne l’intrigue, le début est très lent, on se concentre plus la psychologie de Toyer, et sa folie froide. Mais cette lenteur est nécessaire pour comprendre l’emprise qu’il va avoir sur la population et les personnages du récit. Ce dernier passe rapidement, monte crescendo lorsque Toyer devient  »célèbre », par le biais de la presse quotidienne, comme une TV réalité, mais où l’imagination prime, puisque personne ne sait à quoi ressemble Toyer, si il est blanc ou noir, petit ou grand, gros ou maigre ! Cette frayeur attire les gens, qui en viennent à soupçonner chacun de leur voisins, chacune de leur rencontres, qui en viennent à se soupçonner eux-mêmes parfois, car qui sait vraiment ce dont il est capable de faire. Cette ambiance de huit clos, qui s’étend à toute la ville de New York, devient vite oppressante, et cela renforce le pouvoir d’attraction et de fascination que les psychopathes exercent sur la population : eux seuls arrivent à cet état de puissance de leurs actes, à dépasser leur subconscient. A partir de là, l’histoire prends une tournure plus rapide, tout est une question de temps, et notre cœur balance, notre esprit soupçonne, tente de comprendre. Le lecteur n’est pas ménagé, tout comme les personnages, et c’est seulement à la toute fin, que les morceaux du puzzles s’assemblent. Mais là encore, malgré ces révélations, l’auteur nous balance d’un côté et de l’autre, nous plonge dans une ambiguïté, qui nous font hésiter, est-ce cela la vérité ou bien ceci ? Nous comprenons que les personnages n’en sortiront pas indemnes et rien ne sera plus comme avant. Le court de la vie fût un instant dévié, pour ne plus jamais revenir sur les même rails.

Nous sentons que l’auteur à placée chaque moments, chaque chapitre de telle manière, pour une bonne raison, pour donner un certain sentiment au lecteur, et cela prouve son travail et son immersion dans l’histoire. Il ressort une force, et en même temps une fragilité de ce roman, ce qui est très troublant. L’intrigue est fortement réaliste, et cela laisse une impression continue, bien après la lecture.

Tout ceci est maniée par une main de maître dans une écriture qui s’adapte constamment au changement de rythme de l’histoire. Une lenteur descriptive pour le début, une progression crescendo et hachée pour la folie qui s’empare de chaque personnage, de chaque geste. Puis une frénésie pour le dénouement, tout en conservant une certaine froideur et un certain détachement, parallèlement aux sentiments et sensations criante de vérité de ses personnages.

En conclusion, un roman haletant qui nous perds aux confins de la folie et nous fait réfléchir autant sur les nouvelles techniques de presses qui peuvent être sources de déraisons, que sur la psychologie d’un psychopathe poussé par une soif de vengeance irrépressible, que l’on ne peut que ce demander, et si cela ce passait réellement ?

  • points positifs : la création d’un monstre par le biais des médias, la psychologie qui tout cela entraîne sur la population, la folie qui prends petit à petit part de tous les personnages, l’écriture hachée

  • point négatif : la longueur du début ( qui est pourtant nécessaire pour bien appréhender la suite )

Extraits :

 »Les acteurs sont des garçons et des filles, il y a une jeunesse dans ce qu’ils font, quel que soit leur âge, ils portent les habits de leurs parents, interprètent des personnages qu’ils ne sont pas. N’importe quel personnage qui n’est pas eux. Comme c’est étrange. Pourtant ils dictent nos réactions, nos colères, car nous cherchons en eux nos limites, nos colères, nos rires, nos souffrances et nos peurs. » ( p. 280 )

 » Il faut de l’intelligence pour avoir du cran.  » ( p. 589 )

L’auteur :

Gardner McKay (1932-2001) a été skipper professionnel, éleveur de lions, sculpteur, animateur de radio et acteur. On l’a vu en particulier dans le rôle du capitaine Troy dans la série  »Aventures dans les îles ».

Petit plus ; Brian De Palma devrait adapter  »Toyer » au cinéma.

COUP DE COEUR

16 réflexions sur “Toyer de Gardner McKay :

  1. Whaoh. Ce livre a l’air excitant et effrayant à la fois. Je comprend que tu aies mis un peu de temps à le lire, les romans comme ça sont très dérangeants et font réfléchir pendant longtemps … même après l’avoir fini.
    Il fait combien de pages à peu près ?

    • Exactement, c’est tout à fait cela : effrayant, mais excitant ! C’est un mélange de tout, mais un mélange très bien organisé, très pertinent, et réaliste. Vu l’actualité du moment, cela pourrait réellement ce passer, et cela fou la chair de poule !
      Il faut précisément 761 pages =)

      • 761 pages ?! Un joli petit morceau quoi 🙂
        Franchement il me tente vraiment, surtout que j’avais envie de repartir sur un thriller pour une de mes prochaines lectures ^^

      • Effectivement, une jolie brique =) Petit plus que j’adore, est que les éditeurs ont sortis autant de couverture qu’il y a de victimes dans le livres ! J’ai trouvée cela juste géniale et très originale ! Je ne peux que le conseiller, c’est hyper prenant, très dur psychologiquement, mais très bien pensé !

      • Ah ! J’ai mis un petit moment à comprendre ce que tu voulais dire ^^ En fait, au moment de l’achat, on peu choisir notre version avec la victime de notre choix en couverture, c’est ça ? C’est génial … et un peu glauque quand on y réfléchit xD

      • C’est cela : et vu que je l’ai commandé je ne savais pas quelle couverture j’aurais… C’est glauque en effet, mais je trouve l’idée hyper original =) J’espère vraiment qu’il te plaira si tu le lis =)

    • Effectivement, j’ai mis pas mal de temps à terminer ce livre, parce que j’ai été complètement emportée dans le roman, très fort psychologiquement =) Je suis heureuse de t’avoir donné envie de le lire, car il le mérite vraiment =)

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  3. J’en frissonne d’avance…J’ai bien envie de me laisser tenter, j’adore les thrillers et malheureusement j’en lis de moins en moins… Mais j’avoue que celui-ci me fait un peu peur !

    • Il a de quoi faire peur dans tous les sens du terme ! Franchement, je ne sais pas si j’ai déjà lu un thriller aussi prenant depuis  »Le chuchoteur » ! Il est frissonnant c’est le mot juste =)

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