»En attendant Godot » et  »Oh les beaux jours » de Beckett

Titre : En attendant Godot et Oh, les beaux jours !

Auteur : Samuel Beckett

Edition de Minuit, 2012 ( première publication en 1952 )

Genre : Théâtre de l’absurde

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 » Les larmes du monde sont immuables. Pour chacun qui se met à pleurer, quelque part un autre s’arrête. Il en va de même du rire. Ne disons donc pas de mal de notre époque, elle n’est pas plus malheureuse que les précédentes. N’en disons pas de bien non plus. N’en parlons pas. Il est vrai que la population a augmenté.  » ( En attendant Godot p. 42)

Résumés :

En attendant Godot

 »Vladimir et Estragon, deux vagabonds, attendent un certain Godot dans un no man’s land (la didascalie indique « Route de campagne avec arbre »). L’absence de celui-ci éveille chez eux doutes et questionnements. Deux autres personnages font leur apparition : Pozzo, autoritaire, et son esclave Lucky. A la suite du monologue absurde de ce dernier, Vladimir et Estragon se retrouvent à nouveau seuls. Le premier acte se clot sur l’arrivée d’un enfant qui les informe que Godot ne viendra que le lendemain. Le second acte reproduit à quelques détails près le premier (accélération du débit des comédiens, « amnésie » d’Estragon, cécité de Pozzo). A la fin, le même enfant vient donner la même nouvelle aux deux vagabonds qui pensent à se pendre à l’arbre. La pièce se clôt sur l’inaction des deux personnages.  »

Oh les beaux jours

 »Au milieu d’un paysage de désert brûlé, une sonnerie stridente retentit. Winnie se réveille et vaque à ses occupations sous le soleil du zénith. Elle a le corps enterré dans le sable jusqu’au-dessus de la taille puis jusqu’au cou. Bien qu’absorbée progressivement par la terre, elle se sent légère et feint d’ignorer son ensablement. Avec une innocence gracieuse, elle prie, se prépare, discourt, fredonne, se plaint, se remémore des bribes de souvenirs, et fait l’inventaire de son sac et de ses objets familiers. Elle s’adresse à son tendre ami Willie, que l’on aperçoit à peine et qui pousse de temps en temps quelques grognements. Winnie s’accommode de son malheur avec grâce et joue à s’imaginer qu’elle vit de beaux jours. »

Mon avis :

Beckett écrit dans une période de crise de la représentation, suite à la Seconde Guerre Mondiale. Dans ses œuvres il faut tenter de percevoir sous l’apparente désaffection de la forme théâtrale de l’absurde, la persistance d’une force critique, qui remet en cause les repères classiques du spectateur.

Comment Beckett transforme la ruine déprimante en renaissance du théâtre ? Selon lui, on ne peut plus représenter les choses de façon rationnel et maîtrisé. Il faut peindre l’énergie vitale et l’énergie de survie, il faut assumer la part de l’échec pour que le théâtre renaisse plus fort.

Pour placer le lieux de ses pièces, nous supposons que Beckett s’inspire de la Divine Comédie de Dante, écrite au 13eme siècle, relatant le récit initiatique d’un pèlerin qui parcours l’Enger, le Purgatoire et le Paradis. Ainsi, les personnages de Beckett se situe dans ce que Dante nomme l’‘avant purgatoire qui est un mélange d’attente et d’activité, pour ceux qui ne se sont purifiés qu’au dernier moment. Ils ont fait attendre Dieu, et ils attendront donc à leur tour leur jugement. C’est un passage temporaire contrairement au Paradis et à l’Enfer qui sont des temps éternels.

Mais les personnages Beckettiens sont victimes d’attaque du sort, ne sont pas les pécheurs, comme Estragon qui se fait battre la nuit par des inconnus  »Je n’ai rien fait » dit-il puisqu’ils n’ont plus ses références métaphysique pour comprendre les causes de leur situation. A aucun moment Beckett ne précise le lieu ou la cause, le spectateur se pose ainsi lui aussi les questions tout comme les personnages.

Dante est accompagné dans ses traversés, alors que le couple chez Beckett, s’accompagnent l’un l’autre, mais sans l’assurance de s’en sortir.

Le point commun entre les personnages de Beckett et Dante, est cette question de l’entêtement, du désir de bouger encore et d’essayer de donner un sens à la souffrance.

Le plus important pour Beckett est le purgatoire, car c’est le lieu de l’espoir, qui est peuplé d’âmes à moitiés plongés dans leur vie terrestre. ( ex : Winnie dans Oh les beaux jours, qui se souvient et vie comme sur terre )

Les personnages

Selon Aristote, les personnages en conflit sont le nœud du drame de théâtre. Beckett est donc dans une tradition ancienne du théâtre. Mais est-ce uniquement un rapport de force ? Vladimir et Estragon ont aussi des moments de réunions, dans un rapport amical. Mais ce lieu de réunion est précaire car après cela le dialogue déraille.

Mais d’ailleurs est-ce vraiment des personnages ? Ils sont placés là sans espoir de s’en sortir, et ce sont plus des attitudes humaines qui se répéteront à l’infini, que des personnages avec une histoire à proprement parler.

La répétition

Structure générales des pièces avec deux actes qui reprennent le même lieux, la même heure, les mêmes personnages et le même thème de l’attente. Dans Oh les beaux jours, Winnie est de plus en plus enfoncé suivant les deux actes, mais la sonnerie du réveil est la même.

Peut-on encore parler d’acte ? Critique des stéréotypes du théâtre classique d’Aristote, car La Poétique faire référence à une évolution du drame avec un début, un milieu et une fin.

De même que les personnages, le temps n’avance pas. Dans En attendant Godot, Vladimir au début de l’acte II, à un problème de reconnaissance, est-ce que le temps à passé, ou est-ce toujours le même jours ?

Le style de l’auteur est une mise en rapport entre la banalité et le métaphysique. Par exemple dans En attendant Godot, le personnage se confond bientôt avec la pierre et devient stable après son échec d’enlever sa chaussure, l’idée est d’expérimenter les possibilités de résister. Les mots sont toujours accompagné par des éléments non verbaux ( objets, gestes, espace ), car Beckett à besoin de ce jeux entre le texte et le non texte, ainsi ce sont les objets qui déterminent le dialogue des personnages. Il à moins la passion du théâtre que le besoin d’un nouvel espace pour expérimenter son écriture. Le théâtre de Beckett est énormément influencé par son style d’écriture de romancier, par exemple, c’est l’un des premiers auteurs à développer la didascalie, qui devient vraiment une source d’écriture poétique.

L’écriture de Beckett fonctionne par série de répétition et de variations afin de déstabiliser et le personnage et le spectateur. Une écriture de l’épuisement des possibles, qui s’entend positivement pour déployer tous les éventails sur scène, mais négativement avec le corps et le décors épuisés.

En conclusion, des pièces qui sont peut-être un peu complexes pour être comprises dans leur intégralité sans avoir besoin d’explications extérieurs.

6 réflexions sur “ »En attendant Godot » et  »Oh les beaux jours » de Beckett

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  2. J’ai beaucoup entendu parler de ces deux livres mais je n’ai pas eu encore l’occasion de les découvrir… il faut dire aussi qu’ils ne me tentent pas plus que ça –‘

    • J’ai lu Fin de partie en terminale, et ceux ci pour mon cours de théâtre, sans cela je ne me serrai pas tournée vers ces oeuvres de mon plein gré. Je pense qu’il faut un minimum de connaissance sur l’oeuvre de l’auteur et l’auteur lui même pour comprendre, et sans cela je n’aurais jamais compris un seul mot. Pour moi c’est un théâtre trop abstrait pour que je le comprenne vraiment.

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