»La conjuration » de Philippe Vasset

Titre VF : La conjuration

 

Auteur : Philippe Vasset

 

Editions Fayard Roman, 2013.

 

Genre : Littérature contemporaine, essai

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 »Ayant défini l’activité de sa future entreprise – un groupe religieux à but commercial privilégiant les expériences de groupe plutôt que la direction de consciences – André avait continué à appliquer les principes conseillés dans le manuel de Pierre Maurin, Le Business Plan en clair.  »

 

 

Résumé :

 

 »J’ai créé une secte. C’était, au départ, une entreprise purement commerciale. Jusqu’à ce que j’y prenne goût: fonder une religion est la dernière œuvre possible. »

 

 

Mon avis :

 

L’histoire tient parfois plus de l’essai que du roman, mais c’est bien d’une fiction dont il s’agit avec La conjuration. Un homme en marge de la société, aimant dériver dans les lieux laissés à l’abandon et pris d’assaut la nuit pour des étreintes furtives n’ayant rien de sensuelles, ou par les SDF, se voit confier par un vieil ami, la mission de trouver un lieu pour la procession d’une secte. Mais une secte bien particulière, car à but exclusivement commercial, et non à caractère prophétique ou visionnaire. Mais le choix, lui, est bien visionnaire et le récit l’est tout autant.

 

 

 »Tu ne vois pas que les cultes conçus par des écrivains sont les seuls à être suffisamment solides pour résister à la disparition de leur fondateur ? C’est parce qu’ils reposent sur des textes, et non sur la seule séduction d’un leader. »

 

 

Le personnage principal et presque l’unique personnage que l’on connaîtra vraiment tout au long du roman, est un homme solitaire qui aime parcourir la ville de Paris, à la recherche de parcelles vides, à l’abandon, sans activités définitifs. Il aime se dire qu’il prend cela à la ville, que pour de courts instants cela lui appartient et qu’il peut se fondre dans la masse de béton de ses constructions laissés vacantes. Un homme aux aspirations flous, qui ne vie que par ses escapades, mais une chose en ressort : il veut entrer dans le système de la ville pour le détruire de l’intérieur.

 

 »J’ai toujours préféré les princes d’opérette aux dirigeants dûment élus, et les républiques imaginaires aux États immuables. »

 

Le récit prend une tournure un peu différente, dès lors que cet ancien écrivain en mal d’inspiration lui présente son projet. La vie de l’homme, dont on ne connaîtra jamais le nom, sent enfin un but, un projet, lui parvenir.

 

 

Une véritable critique de la société actuelle passe par le récit de cet homme : c’est tout le système sociétal qui est mis à mal par ce que propose le narrateur. Comment avoir son livre arbitre là où tout nous pousse à penser de telle manière, comme son voisin ? Comment comprendre un monde dans lequel tout vous est caché ? Mais surtout, jusqu’où va aller la communication : car paradoxalement, plus la société avance vers une progression toujours plus fluide et rapide, plus la communication entre les être devient difficile voir impossible, sans un écran, sans une pointe de technologie derrière. Comment encore mener une vie débarrassée de tout ces artifices ? Lisez La conjuration, et vous le saurez. Car le roman, loin d’uniquement dénoncer, cherche et émet des solutions, que le personnage teste et analyse. C’est là le point fort : une analyse est faite mais un véritable programme de vie est proposé !

 

Mais ce n’est là qu’un petit échantillon que propose le récit : les notions les plus élémentaires sont interrogées, telles que l’intimité et même le sens de la vie. Tout est tournés et retournés pour vous faire voir l’envers du décors, et c’est si vrai, si palpable presque, sous nos yeux si on se donne la peine de vraiment regarder, que c’est le plus désarmant mais le plus concret.

 

 

Le style de l’auteur est travaillé, les descriptions sont très importantes et le récit tourne autour de cela uniquement, puisque que les dialogues présents sont uniquement des retranscriptions. Le narrateur porte donc la fable sur ses épaules.

 

Les descriptions sont incontestablement l’un des points forts du récit, la ville nous est présentée, presque comme un être humain, à part entière, cachant ou révélant des secrets dans ses entrailles. C’est un plaisir de sillonner avec le narrateur, les rues de Paris, qui nous apparaissent parfois comme un monstre aux tentacules grouillantes, parfois comme un être immortel nous berçant dans ses innombrables bras. Tout est comme dans un nouveau monde, puisque le regard sur le monde urbain change, et c’est presque un personnage à lui tout seul.

 

 

En conclusion, une sorte d’essai sur la puissance de la communication dans notre société actuelle, qui fait réfléchir sur la pertinence de nos croyances…

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L’auteur :

 

Journaliste de formation, Philippe Vasset a étudié la géographie ainsi que la philosophie à Paris et aux Etats-Unis où il a exercé dans un cabinet d’investigation.

 

Il est rédacteur en chef d’Africa Energy Intelligence, publication spécialisée dans le renseignement industriel et politique. Il a été lauréat du Prix du Jeune écrivain 1993, organisé par le journal Le Monde et le ministère de la Culture.

 

Source : http://www.babelio.com

7 réflexions sur “ »La conjuration » de Philippe Vasset

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  2. Coucou ma choupette !
    Voilà un essai sur lequel je ne me serais pas retournée, sans ta chronique. Mais tu m’as convaincue : je le note ! Bon, je ne le lirai pas tout de suite, j’ai besoin de légèreté en ce moment. Maiiiis… 😀 Gros bisous ma poupette ❤

    • Coucou ma belle ❤ Je t'avouerai que si il n'avait pas été sur la liste pour le Prix du Roman des Etudiants, jamais je ne me serai tournée vers lui moi non plus. Malgré tout, je te préviens peut-etre que ça ne va pas te plaire, ma mère la lu et n'a pas aimée. Je pense que cela dépends des gens, et surtout si tu as besoin de légèreté ne le lis pas maintenant, car c'est quand même pessimiste, certaines visions du monde et de la société sont très cru, même si réelle dans un certains sens.
      Je suis contente en tout cas d'avoir éveillée ta curiosité ❤

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