»Dix yuans un kilo de concombres » de Celia Levi

Titre VF : Dix yuans un kilo de concombres
Auteure : Celia Levi
Editions Tristram, 2014.
Genre : littérature contemporaine

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 » Cet insecte que nous trouvons insignifiant, que nous éliminons d’un revers de main, une poussière est son univers, une flaque est une mer, une goutte d’eau un lac. Les animaux ne changeant pas la face du monde, ils le conservent, ils en sont les gardiens. […] Nous ne vivons ni ne survivons, nous sommes des damnés. Nous travaillons jusqu’à la mort pour des pièces de métal, pour des assemblages de fer. La liberté, nous n’en avons qu’une idée vague, le bonheur, nous ignorons que la création le contient.  »

Résumé :
 » Shanghai aujourd’hui. Des laissés-pour-compte du  »miracle économique chinois » tentent de survivre dans leurs logements insalubres, en attendant d’être expulsés par les promoteurs. Parmi eux, Xiao Fei, un homme épris de savoir et de tradition vivant dans la nostalgie de la grandeur passée de la famille. Des Chinois lettrés qui avaient déjà tout perdu, une première fois, au moment de la Révolution Culturelle.
Stoïque en apparence, mais chaque jour plus humilié par la situation des siens, Xiao Fei se réfugie dans des rêveries plus vaines les unes que les autres. Se remettre à la calligraphie. Devenir l’un de ces  »dissidents » dont raffolent les médias occidentaux. Connaître l’amour avec leur jeune cousine américaine, une fille d’expatriés revenue à Shanghai pour y apprendre le chinois. Pendant ce temps, la destruction fait rage autour d’eux. Leur misère s’accroît. Bientôt la solidarité entre voisins et parents ne suffira plus. Tout cède. Et le pire est encore à venir.
Dix yuans un kilo de concombres offre une description impitoyable de la Chine contemporaine. Mais c’est aussi par la puissance et la justesse des portraits de Xiao Fei, de ses sœurs et des autres personnages que ce roman manquera durablement l’esprit du lecteur. »
Mon avis :
L’histoire est celle des opprimés d’une Chine qui en pleine construction, tente de toujours avoir plus de place et détruit les parcelles trop étendues, au risque de mettre à la rue des centaines de personnes. Un fait réel qu’il est important de dénoncer. Un sujet lourd, qui aurait mérité plus d’un narrateur pour prendre la pleine mesure de ce phénomène, afin d’éviter le sentiment qui m’a bercé pendant le récit, celui d’une trop forte répétition dans les actions et pensées du personnages, même si elles sont justifiées, j’ai trouvé que l’on perdait le sujet même du livre.

Le personnage principal, le narrateur, Xiao Fei, nous livre son histoire, nous conte son univers sur le déclin qu’il ne voudrait quitter pour rien au monde, même si une envie ambiguë s’empare de lui à l’idée que la destruction de son lilong n’est peut-être pas une si mauvaise idée. Et si leur nouveau logement, que les promoteurs leurs ont promis, était mieux que celui-ci ? Mais Xiao Fei est un personnage d’une telle antipathie qu’il est impossible d’avoir envie de le connaître, malgré tout il nous invite dans ses pensées les plus pures et les plus noires. Un contraste, entre la Chine d’avant et l’actuelle est au cœur même de ce personnage, il ne veut pas laisser son passé dans cette maison, car sans cette attache il ne sera plus au contact de ses ancêtres, mais comment faire quand tout est sale et vide, quand tout s’effondre et qu’on les chassent ? La modernité est-elle vraiment source de néant ?
Xiao Fei a un regard très critique tout de même sur le monde qui l’entoure, même si ses pensées vont parfois être en totale contradictions et qu’il se détestera pour cela, il est finalement faible d’esprit ou un génie, selon le lecteur. Pour moi, il est détestable car justement il incarne les pensées du genre humain sans philtre. Pour autant, le suivre n’est pas une partie facile et ce sont véritablement des hauts le cœur qui m’ont prient lors de certaines de ses réflexions. Finalement, ce qui est décevant, est qu’on ne le suive que lui, lui et ses nombreuses répétitions, lui et sa vie misérable qu’il traîne sans se donner la peine de tenter quelque chose, il remet tout au lendemain, et se sent fatigué d’un rien. Un anti-héros que je n’ai pas apprécié. Un personnage plus combatif aurai, pour ma part, été plus agréable à suivre. Malgré tout, les réflexions qu’il amène sont véritablement intéressantes et sont finalement le reflet de toute une génération.

Le style de l’auteure est très juste, les descriptions sont d’une grande importance et une force poétique s’en dégagent, dans les comparaisons et les détails, tout est d’une sorte de grâce, comme si au milieu de toute cette saleté et cette laideur, il y avait une beauté à travers ces paysages en constantes modifications, dans ces modes de vies que l’on brisent pour un peu d’espace plus moderne. Un contraste saisissant et charmant ce concentre au cœur même de l’écriture, les personnages eux-même ne sont pas contre la modernité, mais ne veulent pas perdre leurs valeurs. La Chine est en plus un pays très traditionaliste, le point culminant aujourd’hui d’un monde contemporain, mais qui voisine avec un certain idéal familiale qui est ici retranscris.

En conclusion, un sujet fort dont il est important de parler. Nonobstant le personnage principal du narrateur, Xiao Fei qui est détestable, Dix yuans un kilo de concombres est un récit sur la Chine actuel comme on en a peu vu.

5 réflexions sur “ »Dix yuans un kilo de concombres » de Celia Levi

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