Titre VF : Les jeunes gens – Promotion Macron
Auteur : Mathieu Larnaudie
Editions Grasset, 2018.
Genre : Essai, Politique
» Aborder l’histoire et les parcours des membres d’une promotion de l’ENA offre un autre angle pour explorer la manière dont le pouvoir se constitue, s’exerce et se dit en France. »
Résumé :
»Depuis 1945, l’ENA fournit à l’État ses plus zélés serviteurs, mais les diplômés de la « promotion Senghor » (2002-2004) se distinguent par leur précocité. En quelques années, plusieurs ont accédé à de très hautes fonctions, dans les cabinets ministériels et les ambassades, à l’Élysée ou au directoire de grandes entreprises. Au premier rang, Emmanuel Macron, président de la République à 39 ans.
Ce millésime est-il unique ? Que nous dit-il sur l’évolution de l’École, fleuron de la République ? Qui sont ses élèves, quels sont leurs ambitions, leurs méthodes, leurs parcours ?
À travers ce club distingué, Mathieu Lamaudie raconte la formation d’un réseau de pouvoir. Les « Senghor » ont fait de leur jeunesse un atout majeur : contestant l’école tout en préservant leurs intérêts, adoptant pour langage un cocktail mêlant l’administration et le business, jouant des nouvelles formes de médiatisation, échangeant une fonction prestigieuse pour une autre… Ces jeunes gens pressés seraient-ils « en même temps » des énarques à l’ancienne, témoignant du rôle cardinal que l’École occupe dans notre imaginaire national ? Au coeur d’un étonnant microcosme, une enquête remarquable, par un romancier passionné de politique. »
Chronique :
Les jeunes gens est un portrait de la promotion Senghor 2002-2004 de l’ENA, qui vit sortir les plus éminents membres de nos institutions, notamment le plus jeune chef de l’état depuis Napoléon, Emmanuel Macron. L’auteur part à la rencontre de près d’une trentaine d’anciens membres de cette promotion afin de questionner l’évolution de l’ENA, et ainsi mettre en lumière le fonctionnement de nos institutions.
L’auteur expose à travers le parcours de ces plus brillants esprits, dont certains sont désormais chefs de cabinets, chefs d’entreprises, banquiers ou même et surtout président, les changements que l’on peut observer dans le rôle joué par l’école sur les carrières de ses membres. Si il y a des années les plus hauts postes étaient ainsi visés, les parlements pour ne pas les nommer, désormais pour accéder à de hautes carrières, les élèves se destinent aux entreprises et aux coulisses qui ont un attrait plus que certain afin de les former aux nouvelles méthodes et à l’accession au pouvoir.
» Sans doute faut-il voir là une mutation de la façon dont le pouvoir est perçu par ceux qui y prétendent. Il semblerait que l’ordre des priorités ait évolués, et que les bancs de l’Assemblée nationale aient désormais moins d’attrait que les places gigognes dans les hôtels particuliers de la République, voire aux sièges des grandes banques ou des entreprises du CAC 40. »
Tout le long des parcours égrenés, une question demeure comme un fil rouge : que pensent ses anciens camarades du parcours d’Emmanuel Macron ? Comment le voient-ils aujourd’hui au regard de leurs impressions d’hier ? Comment a-t-il pu arriver au sommet de l’Etat si rapidement, l’ENA a-t-elle jouée un rôle ? Une sorte d’aura fascinante brille autour de sa personnalité et de son parcours atypique sans pour autant avoir de réponse claire : si ce n’est sa très certaine chance et un climat politique favorable aux changements.
»Emmanuel Macron en est le plus bel exemple : contrairement aux habitudes, celui-ci n’a pas daigné se mêler au combat électoral ni jugé utile de s’encombrer de mandats locaux avant de se lancer directement dans le grand bain de la présidentielle. »
Un essai accessible grâce à une plume simple et précise, mais qui tourne parfois en rond au son des noms et parcours similaires de ses membres. Même si il faut le préciser, tous ne sont pas nés du bon côté pour avoir une place attitréé au sein de cette prestigieuse institution ! Les avis sont d’ailleurs partagés sur la nécessité de l’école, ce qui donne une jolie brochette de personnalités. Nous le remarquons avec ces parcours, la nouvelle génération offre une image moins clivée des partis politiques, dont Emmanuel Macron est le chef de file. Serait-ce là la particularité de la promotion Senghor ?
Il est néanmoins regrettable de ne pas avoir un point de vu plus large que le simple portrait. L’auteur n’exploite pas assez la complexité du monde politique et social de notre société. L’ENA étant une partie obscure d’un système visant à former les futurs membres de nos institutions, il eu été préférable d’entrer véritablement au cœur du dit système pour en comprendre toutes les imbrications. Pourquoi cette promotion semble tant se distinguer des autres ? Il est peut-être d’ailleurs trop tôt pour comprendre les enjeux et les conséquences de ces changements sur notre société. C’est d’ailleurs certainement la limite de ce livre.
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Intéressants ces jeunes gens! Je ne connaissais pas cet ouvrage.
Cela donne un portrait assez complet de nos futurs dirigeants en effet.
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