Titre VF : Orléans
Auteur : Yann Moix
Editions Grasset, 2019.
Genre : Littérature contemporaine
» Et je me promis qu’un jour, quand je saurais écrire la vérité dans sa simplicité nue, je la dirais dans un roman d’humiliation comme il existe des romans d’initiation. »
Résumé :
» Qui a lu l’œuvre publiée de Yann Moix sait déjà qu’il est prisonnier d’un passé qu’il vénère alors qu’il y fut lacéré, humilié, fracassé. Mais ce cauchemar intime de l’enfance ne faisait l’objet que d’allusions fugaces ou était traité sur un mode burlesque alors qu’il constitue ici le cœur du roman et qu’il est restitué dans toute sa nudité.
Pour la première fois, l’auteur raconte l’obscurité ininterrompue de l’enfance, en deux grandes parties où les mêmes années sont revisitées en autant de brefs chapitres (scandés par les changements de classe, de la maternelle à la classe de mathématiques spéciales).
Dedans : entre les murs de la maison familiale.
Dehors : l’école, les amis, les amours.
Roman de l’enfance qui raconte le cosmos inhabitable où l’auteur a habité, où il habite encore, et qui l’habitera jusqu’à sa mort, car d’Orléans, capitale de ses plaies, il ne pourra jamais s’échapper. »
Chronique :
Le monde littéraire est agité d’un vent de polémique depuis la sortie du violent Orléans, dernier né de Yann Moix. Auteur, personnage provocateur, encensé par les uns, critiqué par les autres, il ne laisse personne indifférent.
Depuis quelques années, dans nombres d’interview et quelques lignes glissées ça et là dans ses livres, Yann Moix évoque un passé trouble, une enfance violente et privée d’amour. Aujourd’hui, il raconte et laisse tomber les masques. Pure fiction, autobiographie ou un mélange des deux ? Orléans est avant tout un roman. Le roman d’une enfance rude.
Le livre est divisé en deux parties, »Dedans » relate la cellule familiale, les nombreux châtiments et corrections disproportionnés. Rythmé par les années scolaires, le lecteur suit le parcours du narrateur, le voit grandir, bercé par les grands noms de la littérature dans laquelle il trouvera un échappatoire. »Dehors » est un brin plus lumineux, puisque ce chapitre évoque les amis et le temps des amours. Mais les éclaircies sont rares et de courtes durées. Il est si difficile de se construire ainsi…
Orléans est le regard d’un adulte sur l’enfant qu’il était hier… Yann Moix est un auteur qui s’inspire énormément de ce qu’il vit et de ce qu’il ressent comme matière pour ses livres. Ainsi Rompre était son texte de rupture amoureuse, ainsi Orléans est son roman de l’enfance. Il renoue avec les démons de son passé, avec une écriture peut-être plus simple que ce à quoi il nous a jusque là habitué. Il ne triture pas les mots et ses phrases jusqu’à les épuiser de leurs sens mais il est bien plutôt, ici, dans une recherche de naturel sans les artifices de l’écriture pour exposer sa »vérité dans sa simplicité nue ».
Je remercie vivement la maison d’édition pour l’envoi de ce livre !
Pingback: Index par auteur ( nom de famille ) : de L à Z | Topobiblioteca
Purée, la vidéo où il se tire des larmes !! Je ne l’avais pas vue ! Si c’était vrai, à force d’interviews il aurait arrêté son cinéma ! Un peu de dignité, quoi !
J’ai vu ce livre comme un roman adapté de son enfance… Il utilise beaucoup sa vie comme matériaux pour l’écriture un peu comme Delphine de Vigan avec son Rien ne s’oppose à la nuit.
Je n’ai lu que ce livre, de Yann Moix. Ce qui est insupportable c’est ce qui a émergé autour (après que j’aie écrit ma propre chronique). Je pense qu’il manque de dignité, que ce soit vrai, ou juste romancé… c’est tout.
Je trouve également que toutes les polémiques sont de trop. J’ai lu Rompre qui est longue lettre de rupture et un roman sur les relations finies ainsi que Terreur sur les attentats, la peur autour de tout ceci, deux textes émouvants et vrais qui m’ont touchés. Mais je conçois que c’est un personnage et que tout ce qui ce passe autour de lui n’est pas à son avantage. Loin de là !
Je viens d’apprendre que « Orléans » a été re-tiré 3 fois ! Tu vois le buzz..
Ah effectivement et je viens de voir qu’il est l’invité de On n’est pas couché ce soir…
Je suis ravie que ce roman t’est touchée. Moi aussi,lorsqu’il parle de son rapport avec la littérature et son métier d’écrivain. Mais, déjà lorsque je l’ai lu, j’avais quelques doutes sur la véracité de ses relations avec ses parents tel qu’il les décrivait…mais là, c’est trop ! Il est accusé d’avoir persécuté son frère ! Il a tenu jusque récemment des propos antisémites…trop c’est trop ! Je ne regarderai pas ONPC ce soir ! Là, il me semble confondre son métier d’écrivain avec celui de batteleur ! 😉
Je l’ai vraiment pris comme un roman un peu comme le Rien ne s’oppose à la nuit de De Vigan, sur sa maman. Un roman adapté d’une vérité. Le point de vu travestie la vérité…
J’ai regardé ONPC hier soir, et je suis vraiment déçue. La totalité de l’interview était centré sur »ses excuses » par rapport à ses BD antisémites et ses relations avec l’extrême droite et non sur le livre alors que le sujet de base était »l’autofiction genre littéraire ». Là on s’en est totalement éloigné et j’ai trouvé déplacé la venu du secrétaire d’état général de la protection de l’enfance, dès lors que ce n’est pas une autobiographie mais une autofiction, pour moi il n’avait pas sa place. En bref, on pouvait largement se passer de son passage…
Pour moi, « Rien ne s’oppose à la nuit » m’avait bouleversée tellement je trouvais juste et sincère la façon de d’écrire cette maladie, que je connais. Pour celui-ci, je n’ai pas forcément, du coup, c’est peut-être le talent qui est en cause
(désolée) pas forcément trouver la même justesse dans la description des maltraitances. En tout cas, je suis d’accord, c’est un roman, une œuvre littéraire, pas une autobiographie !
Ah Rien ne s’oppose à la nuit m’a mis une claque, j’aime énormément l’écriture de Delphine de Vigan. Je suis tout à fait d’accord que Orléans n’a absolument pas la même puissance.
Pingback: La lecture : François Busnel, rentrée littéraire, qu’est-ce que la lecture ? | Topobiblioteca
Pingback: Déceptions et abandons 2021 : | Topobiblioteca