Titre VF : Le Jardin – Paris
Autrice / Illustratrice : Gaëlle Geniller
Editions Delcourt / Mirages, 2021.
Genre : Bande-dessinée historique, Art
Résumé :
» Années 1920. Rose est un garçon, et comme toutes les filles qu’il fréquente depuis sa naissance au cabaret dirigé par sa maman, il veut danser. Avec ce second livre, l’autrice de 24 ans, Gaëlle Geniller, frappe fort. « Le Jardin » est un cabaret parisien au succès grandissant dirigé par une femme. Toutes celles qui y travaillent ont un nom de fleur et l’ambiance y est familiale. Rose, un garçon de 19 ans, est né et a grandi dans cet établissement. Il souhaite à son tour être danseur et se produire sur la scène, devant un public, comme ses amies. Il va rapidement en devenir l’attraction principale. »
Chronique :
Au beau milieu des années 1920, dans le cabaret Le Jardin, Rose, le fils de la gérante des lieux va réaliser son rêve, danser sur scène. Il va vite devenir l’attraction numéro un et rencontrer un admirateur qui va le révéler à lui-même.
Une magnifique BD, dont le genre est le sujet principal, brillamment mis en avant par l’illustratrice en plaçant son histoire en plein cœur des années fastes du travestissement. C’est par le truchement de la scène et du personnage que le danseur réalise qui il est réellement, mais l’intrigue va bien plus loin en parlant du statut du genre dans la société et du regard des autres. C’est une sublime ode à la confiance et à la réalisation de soi et de ses plus profonds rêves et désirs. Si on peut regretter les ficelles parfois simplistes, c’est un message plus qu’utile qui mérite d’être mis en avant.
» J’aime vous voir danser. Et pas seulement parce que vous êtes doué. Vous êtes capable d’emporter avec vous des tornades de bons sentiments. Les gens vous aimeront pour ça. Alors, je vous en prie… Dansez ! »
Titre VF : Mademoiselle Baudelaire
Auteur / illustrateur : Yslaire
Editions Aire Libre, 2021.
Genre : Bande-dessinée, Art
Résumé :
» Deux cents ans après sa naissance, Baudelaire continue de marquer les générations et le poète plane sur l’œuvre d’Yslaire depuis les origines.
C’est pourtant Jeanne Duval, celle que le poète a le plus aimée et le plus maudite, que le dessinateur a choisie pour revisiter dans ce chef-d’œuvre la matière sulfureuse et autobiographique des Fleurs du mal. De Jeanne, pourtant, on ne sait presque rien, ni son vrai nom, ni sa date de naissance, ni sa date de décès. Aucune lettre signée de sa main ne nous est parvenue. Restent quelques témoignages, des portraits dessinés par Baudelaire lui-même, une photo de Nadar non authentifiée, sans oublier les poèmes qu’elle lui a inspirés. Jeanne, « c’est l’invisible de toute une époque » qui réapparaît dans la résonance féministe de la nôtre. Elle qui était stigmatisée comme mulâtresse, créole et surnommée « Vénus noire » en référence à la « Vénus hottentote », aimante tous les préjugés d’un siècle misogyne et raciste. »
Chronique :
Les Fleurs du Mal a fait de Baudelaire un maître dans le maniement des mots et du scandale. Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est l’identité de sa source d’inspiration, une certaine Jeanne Duval, femme de couleur dont on retrouve des occurrences dans la correspondance du poète et un unique portrait de Manet, La maîtresse de Baudelaire, son identité toujours cachée au profit du génie des lettres. Belle et mystérieuse, on ne sait rien d’elle, son nom n’est surement pas le bon, ses dates de naissance et de mort introuvables ou falsifiées, une plante vénéneuse pour la mère de l’écrivain qui a mis en péril la vie de son fils et qui ose demander une part d’héritage !
C’est à travers une lettre de Jeanne que l’on plonge dans une période trouble de la vie de l’écrivain, les années à ne pas écrire, à dépenser sans compter et sa fuite dans les paradis artificiels. Son histoire d’amour dévorante avec Jeanne, qu’il voit tantôt comme une déesse tantôt comme le diable qui l’enchaîne, selon lui, à une vie de misère.
Yslaire, que l’on connaît pour ses histoires d’amour impossibles dans sa saga historique Les Sambres, met tout son talent pour retranscrire ce 19eme siècle décadent entre bourgeoisie et émulsions populaires. Ses dessins croquent des figures du peuple, errants dans les cafés à la recherche de chaleur et au milieu de toutes ces crises politiques, un Baudelaire dandy qui ne jure que par ces cols blancs amidonnés et Jeanne, exotique, une femme que l’on cache et à qui l’on dit qu’elle est belle, car on a trop peur de ce qu’elle pourrait faire de sa puissance. Entre eux, une charge érotique et sombre flotte dans les pages, un amour destructeur que le dessinateur nous offre, entre violence et sensualité.
En 150 pages, Yslaire réussi le tour de force de réssusciter Baudelaire et de nous offrir une passion amoureuse ardente. Dans les tons sombres qu’on lui connaît si bien, avec peu de couleurs si ce n’est le rouge sang des lèvres, de l’intimité brûlante de Jeanne ou le sang des manifestants sur les pavés, c’est tout le 19eme siècle parisien qui nous est retranscrit !
» Si j’avais pu l’ensorceler, j’aurais dansé jusqu’à la transe pour posséder son esprit.. J’aurais marché sur des braises, embrassé un serpent et fait saigner la Vierge Marie pour m’entendre, me voir ou me sentir aussi fascinante que ses vers de poète le disaient… »
Titre VF : Delacroix
Auteur : Alexandre Dumas
Illustratrice : Catherine Meurisse
Editions Dargaud, 2019.
Genre : Bande-dessinée historique, Art
Résumé :
» Alexandre Dumas, qui se disait « frère des peintres », raconte les souvenirs qui ont marqué son amitié avec Eugène Delacroix. D’une anecdote à l’autre, les tempéraments de l’immense artiste et du grand romancier se révèlent, un portrait de leur époque se dresse, les combats au nom de l’art surgissent. Catherine Meurisse s’invite dans cet hommage et en offre une adaptation toute personnelle. Le but espéré de cette causerie ? Que la fougue de Delacroix et la verve de Dumas soient une fête pour l’oeil et pour l’esprit ! »
Chronique :
A la mort de Delacroix, Alexandre Dumas, qui l’a bien connu, organise une rétrospective de ses œuvres, et écrit pour l’occasion, ce que l’on nommait à l’époque, une causerie, un discours sur la personnalité et l’œuvre du peintre.
Brillamment illustré par Catherine Meurisse, ce texte est plein d’ironie plus ou moins contenue, d’anecdotes sur la vie de Delacroix, sur leur relation et bien entendu sur sa façon, toute particulière, pour l’époque, d’apposer des couleurs sur ses toiles. Couleurs que l’on ne retrouvait pas dans les tableaux du 19eme et qui firent de Eugène Delacroix, un artiste atypique.
Les illustrations de Catherine Meurisse sont au service de ce discours amusant, en reproduisant et en ré-interprétant à sa façon de prédilection, l’aquarelle, les tableaux du maître du romantisme. Les dessins ainsi traités donnent un ton plus doux, plus mélancolique aux peintures que l’on connaît depuis des siècles.
Trois artistes au service d’une même cause : l’amour de l’art…
» – Mon cher Dumas, vous devriez bien, dans votre salle d’exposition, nous faire une causerie sur Delacrois ?
– Rien de plus simple ! Delacroix était mon ami, et les peintres sont mes frères. Je veux bien causer, tant que ma causerie ne lassera pas mes auditeurs. »
Titre VF : Léonard & Salaï – t.1 Il Salaïno
Auteurs / illustrateurs : Benjamin Lacombe & Paul Echegoyen
Editions Soleil, collection Noctambule, 2014.
Genre : Bande-dessinée historique, Art
Résumé :
» Immergez-vous au cœur de ce diptyque, cette évocation romanesque qui présente une autre vision de Léonard de Vinci, de son entourage et de sa vie. Comment a-t-il vécu, aimé, souffert ?
Cet univers où règne la grâce, remarquable par son ampleur et sa profondeur, résonne à notre époque de façon étonnamment moderne.
Un portrait sensible et fascinant d’un artiste jamais égalé… »
Chronique :
Parler de De Vinci autrement, montrer la genèse de ses œuvres et ses idées novatrices est un pari nettement gagné pour Lacombe et Echegoyen ! Avec ce premier tome, dont on attend toujours la suite à ce jour, c’est une véritable plongée historique dans l’Italie du 15eme siècle. A l’origine un diptyque, Il Salaïno retrace la rencontre du maître avec un élève qui le marquera à jamais, Salaï.
Lacombe et Echegoyen utilisent la légende selon laquelle le maître et son élève auraient été amant et Salaï un modèle. C’est avec beaucoup de douceur et un sens inné de l’esthétique que le lecteur devient un confident de l’histoire d’amour.
Les dessins nous enveloppent dans un univers pictural alliant les couleurs sombres à des doubles pages d’une beauté à couper le souffle. Les détails de la ville, des œuvres de De Vinci et des corps amoureux sont d’une finesse sans égale, donnant à cette intrigue le souffle romanesque du temps passé.
La BD s’écoule sur quelques années, retrace les essais et remaniements de La Cène et des machines volantes, montrant un De Vinci plein d’inventivité et constamment en mouvement, en proie à des réalisations dans son esprit, loin de l’homme sage à la barbe que l’on s’imagine trop souvent. Salaï plus jeune, volubile et un brin superficiel incarne cet esprit de folie qui manque à De Vinci pour l’animer pleinement. Ils se retrouvent dans l’amour et il est plaisant de supposer que c’est une part de lui dans La Joconde ou le Saint Jean-Baptiste, comme le veut la légende.
Une magnifique façon de rendre hommage à un des artistes qui a le plus apporté dans l’évolution de l’art et de la construction.
» Toute partie tient à se réunir à son tout pour échapper ainsi à sa propre imperfection. »
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