Titre VF : Lâchez-nous l’utérus ! – En finir avec la charge maternelle
Autrice : Fiona Schmidt
Editions Hachette, 2020.
Genre : Féminisme, Essai, Education, Maternité
Résumé :
» ON N’EST PAS VRAIMENT FEMME AVANT D’ÊTRE MÈRE
T’AS QUE 30 ANS, TU VAS CHANGER D’AVIS
T’AS DÉJÀ 30 ANS, FAUT TE DÉPÊCHER !
Y A UN PÈRE ? A QUAND LE DEUXIÈME ?
T’ES SÛRE, UN TROISIÈME ?
AH BON, TU ALLAITES ? AH BON, TU N’ALLAITES PAS ?
ÊTRE MÈRE À 20 ANS, C’EST IRRESPONSABLE
ÊTRE MÈRE À 40 ANS, C’EST DANGEREUX
TU VEUX PAS D’ENFANT : T’ES FÉMINISTE ? T’ES LESBIENNE ?
JE PEUX TOUCHER TON VENTRE ?
Au départ, il y avait cette question : pourquoi le fait que je ne veuille pas d’enfant pose-t-il un problème à tout le monde, sauf à moi ? J’ai trouvé la réponse : parce que je suis une femme en âge d’en avoir qui coche 100% des cases du bingo procréatif. Même 50 ans après la légalisation de la pilule et de l’avortement en France, être une femme, c’est être une mère : être nullipare, volontaire ou plus souvent, involontaire, c’est donc être reléguée en D2 de féminité.
Pourtant il ne suffit pas d’être mère pour qu’on vous fiche une paix très relative – oh non… Encore faut-il être une « bonne » mère, selon des normes procréatives et éducatives de plus en plus nombreuses, rigides et contradictoires. Résultat : la plupart des mères, celles qu’on ne voit pas à la télé ni sur Instagram, sont de plus en plus épuisées tout en se sentant de moins en moins légitimes (capables?).
Tant que l’on considèrera que la maternité n’est pas une option mais une preuve de la féminité, tant que la parentalité restera d’abord une affaire de femmes, donc que c’est à elles de concilier leurs douze journées, les inégalités persisteront, non seulement entre les femmes et les hommes, mais aussi et avant tout entre les femmes. A nous de décider qu’elles ne sont pas une fatalité.
Fiona Schmidt est journaliste. Elle a écrit un livre de cuisine militant, Les Recettes d’une connasse (Grand Prix Eugénie Brazier 2017), et un essai sur l’évolution des rapports de séduction entre les femmes et les hommes, L’amour après #MeToo, publiés chez Hachette Pratique. »
Chronique :
La maternité est considérée depuis la nuit des temps comme innée pour toutes les femmes. Le fameux instinct maternel ou encore l’horloge biologique seraient présents en chaque femmes et donne, encore et surtout aujourd’hui, à celles qui ne veulent pas d’enfants, la peur et la culpabilité de ne pas être normale et conforme. La société présente la maternité comme bienheureuse, consentie et surtout souhaitée par toutes les femmes. Ces qualités dites féminines perpétuent les clichés et les fantasmes selon lesquels les femmes seraient les plus à même de s’occuper des enfants et des malades, que nous sommes plus à l’aise avec les questions d’éducation intrinsèquement liées aux taches ménagères et que la charge mentale nous est donc toute droit réservée. Ces inégalités génèrent alors le préjugé qu’une femme n’est comblée qu’en enfantant, qu’en se privant pour se réaliser en tant que mère et faire passer son enfant avant tout désir. Que bien entendu celles qui n’en veulent pas, sont encore et toujours montrées du doigt comme des femmes égoïstes, ont les nomme par ailleurs nullipares, étymologiquement celles qui n’ont pas accouché, à l’oreille cela sonne vraiment mal, vous ne trouvez pas ?!. Que celles qui ont des enfants mais qui ne sont pas instagramables 24h sur 24 et 7 jours sur 7 n’ont pas réussi. Tout ces sujets et bien plus encore, comme l’impact écologique d’une naissance ou les injonctions d’éducations sont évoqués avec brio dans cet essai.
C’est avec son compte instagram @bordel.de.meres que l’autrice a récoltée des milliers de messages sur la maternité, l’éducation ou le non désir d’enfant. Avec son vécu, celui d’une femme qui n’a pas et qui ne veut pas d’enfant, elle nous dresse le portrait glaçant d’une société, la nôtre, prête à tout pour laisser les femmes à leur place. Il est stupéfiant de réaliser à quel point le manque de sororité nous porte un préjudice immense ! Les témoignages reçus par Fiona Schmidt sont effarants de violences, de préjugés et de jugements alors qu’il serait tellement plus enrichissant de nous entraider et la cause des femmes en serait bénéfique. Paradoxalement, le reste de cette société patriarcale, égoïste et égocentrée nous prédispose à rester dans le même moule, en atteste l’éducation encore trop genrée qui est dispensée dans nos écoles, magasins ou médias.
Lâchez-nous l’utérus est un manifeste pour toutes les femmes mais aussi bien évidemment pour les hommes, ils sont présents dans ce livre et il faut à tout prix les intégrer dans nos systèmes éducatifs, car ils sont bien trop souvent relégués par la pression sociale et les schémas classiques au second plan alors que l’éducation et la charge maternelle leur revient également de droit ! Pour que tous ensemble nous puissions déconstruire ces préjugés et créer enfin une société actuelle loin des schémas ancestraux et arrêter de fustiger les familles pour leurs choix novateurs !
»Dès leur plus jeune âge, les femmes sont exhortées à devenir mères, stigmatisées si elles choisissent de ne pas l’être, isolées si elles ne peuvent pas l’être. »
Titre VF : J’ai décidé de ne pas être mère
Autrice : Chloé Chaudet
Editions Iconoclaste, 2021.
Genre : Témoignage, Essai, Education, Maternité
Résumé :
» Le destin d’une femme n’est pas de devenir mère. Pas le sien, en tout cas. Chloé Chaudet a 35 ans. Elle n’aura pas d’enfant. C’est décidé.
Ce choix suscite l’incompréhension, voire l’agressivité. »Tu ne vas pas regretter ? » ; »Tu n’as pas peur de finir seule ? ». Toujours ces mêmes questions, quels que soient l’âge et le milieu.
En France, la maternité semble une évidence ; pourtant, près de 5% des femmes la refusent. C’est un sujet tabou que même la révolution féministe tient encore à l’écart.
»Comme des centaines de milliers de femmes indociles, j’ai pris une décision qui demeure inacceptable : vivre comme bon me semble. » Chloé Chaudet confie les raisons de son choix, décrit sa fragilité face aux réactions qu’il suscite et tente de comprendre ces diktats inconscients qui nous habitent.
Un livre éclairant, qui bouscule les préjugés. »
Chloé Chaudet est maîtresse de conférences en littérature comparée à l’Université Clermont Auvergne. A la trentaine, après plusieurs années d’études en Allemagne, elle s’est retrouvée confrontée à l’inévitable question de la maternité. J’ai décidé de ne pas être mère est son premier récit, enrichi de ses lectures.
Chronique :
Chloé Chaudet, maîtresse de conférences en littérature et trentenaire, explore avec J’ai décidé de ne pas être mère, les injonctions à la maternité, dont les femmes, en grande majorité, se retrouvent fustigées.
Le titre peut paraître très engagé et militant, si il l’est pour aborder le sujet, ce n’est pas le fil rouge de ce témoignage. L’autrice dresse le portrait d’une situation qui étonne trop souvent : le non désir d’enfant. Près de 5% des femmes n’en souhaite pas et c’est malheureusement, un sujet, aujourd’hui encore, tabou qui ne parvient pas à éclore dans les sphères féministes, c’est un comble et bien sûr ne parlons même pas des médias !
Avec des chapitres très courts, mêlant habilement son parcours et des propos de thèses féministes ou des courants de pensées, elle constate qu’il est très difficile de faire entendre ce sujet dans n’importe quelles couches de la société ! Au travail, les collègues féminines posent invariablement la question autour de la machine à café, l’attention se détournant de vous si vous ne faites pas partie du cercle des mères. En privé, si ce ne sont pas vos parents qui vous tannent pour avoir des petits enfants, ce sont vos amis ou proches, parfois même perdus de vu, qui se permettent des petites phrases sur la peur de la solitude, du regret futur ou de l’immense joie de devenir parents. C’est comme s’il fallait encore et toujours perpétuer un schéma de vie classique, où, après la rencontre et l’établissement professionnel, devait absolument advenir la maternité.
Le témoignage de Chloé Chaudet, s’il apporte quelques solutions pour se sortir de situations délicates, n’est pas un guide mais plutôt un état de fait. Un simple constat que l’injonction à la maternité est terriblement ancrée dans nos mœurs et que c’est un véritable sujet de société qu’il va falloir réussir à débloquer. En effet, le combat féministe qui doit suivre est bien celui-là, entre autre bien évidemment du problème monstrueux de l’écart salarial qui est un thème plus qu’urgent ! La société ne doit pas intervenir dans ce choix et nombre de couples n’en parlent pas assez, comme si il allait de fait que c’était la chose à faire. Ne parlons même pas de l’impact écologique, connu désormais, ou du désir de faire carrière, la maternité doit se CHOISIR et se VOULOIR, elle ne doit en aucun cas être imposée par la société ou nos familles.
Je n’ai aucune solution concrète à apporter. Je suis moi même quasiment trentenaire, mes amies ont toutes des enfants ou sont sur le point d’accoucher. Tous me regardent de travers et n’osent pas aller plus loin, lorsque je dis que je ne suis pas sure de vouloir des enfants. Je dis même plus volontiers que ce n’est pas le moment, afin de minimiser la chose.
Par contre, c’est un sujet que j’aborde fréquemment avec mon conjoint. Père d’une fille qu’il ne voit que peu, il souhaite d’autres enfants mais a su entendre, même si elle lui fait peur, cette partie de moi qui ne sait pas si elle souhaite être mère, qui s’interroge sur les bienfaits d’un enfant sur la vie de couple, professionnelle ou même privée. Il est attentif et je le remercie d’être ouvert et compréhensif, là où certains couples n’osent même pas aborder le sujet, la peur d’être jugée l’emportant bien souvent. Je n’ai qu’une seule chose à vous dire, que je tente de faire de plus en plus : dire les choses simplement. Exprimer ses choix. Je part du principe que plus on nommera cet état de fait, plus il se démocratisera. Je sais que c’est difficile suivant les cercles où l’on évolue, mais il faut essayer. L’action passe par la parole.
Ma fille dit « lâchez-moi les ovaires » ! Pour le même probleme ! Je lui envoie le lien de ton billet !
J’adore ce type d’expression qui veut tout dire, ce sont nos ovaires nos choix ! Merci j’espère que les idées de livres lui plairont !
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En fait, le problème c’est qu’on est jugées quoi qu’on décide !
Exactement et que le schéma du plus grand nombre est quasi systématiquement tenu pour le seul valable…
Des textes qui pourraient tellement me parler !
J’ai trouvé énormément de reconnaissance et de réconfort dans ses pages, moi qui vais vers la trentaine et me pose beaucoup de questions sur la maternité…
J’ai 30 ans et c’est un sujet qui revient quotidiennement avec mes proches. J’ai droit à bon nombres de « a quand une petite cousine ou un petit cousin pour ta niece ? Tu ne veux pas d’enfants ? Tu le regretteras,.. La réponse est que je ne sais pas j’en veux ou pas, travaillant avec des enfants à longueur de journée. Le fait que je sois célibataire rentre dans la balance aussi bien sur lol Toutes ces questions c’est normal de se les poser soi-même mais les proches devraient arrêter de mettre la pression et de remettre le sujet sur le tapis à chaque fois !
Tout à fait, je suis en couple depuis 4 ans, nous n’avons même pas une situation financière ni professionnelle stable que même mes amis mettent ce sujet sur la table. Un ami qui est plus jeune que moi et qui a déjà une fille, ne comprend pas que je ne sache pas si j’en veux ou non. Pour lui, une femme veut des enfants point. La discussion est parfois dure avec des gens comme ça, car j’en viens même à me culpabiliser c’est dire ! Heureusement mon conjoint est très compréhensible, il a une fille qu’il ne voit que peu et veut d’autres enfants mais me laisse le temps, on en parle régulièrement depuis que j’arrive à mettre des mots sur la situation. Mais c’est difficile…
Que toi et ton compagnon en parliez c’est normal et qu’il soit compréhensif c’est très bien mais ça ne regarde que vous. Si tu veux abordez le sujet c’est ton choix mais je ne comprend pas que les autres nous mettent la pression comme cela et c’est pas à eux d’aborder la question.. Ca m’agace et les gens comprennent pas ! ^^
La femme n’est reconnue qu’à travers son rôle de mère par la société. Les gens ont toujours un mot quoi qu’elle fasse. Pourtant on ne pose pas ces questions aux hommes. C’est comme le fait d’être célibataire, d’être grosse… Je suis maman solo, séparée depuis 11 ans et je ne me suis pas remise en couple, il a fallu des années avant qu’on arrête de me dire « quand est-ce que tu te remets en couple? »
Dans « et d’un seul bras, la sœur balaie sa maison de Cherie Jones », il y a plusieurs pages, très justes sur l’image que la société renvoie de l’accouchement, du rôle de mère, que j’ai trouvé très juste.
Merci beaucoup de ton témoignage, c’est terriblement injuste l’écart que la société met entre l’homme et la femme, la femme mère, célibataire sans enfants ou avec, à chaque étape de notre vie il faut faire comme ci ou comme ca… quand les hommes eux sont valorisés quand nous sommes stigmatisées…
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