Je n’écris jamais sur les livres que j’ai abandonnés, lus en diagonale, franchement détestés ou qui m’ont laissé une impression de vide abyssale. Je ne trouve bien souvent pas les mots justes pour parler de ce qui m’a laissé froide, mis en colère parce que je veux me concentrer sur le positif, le beau et le vrai. Mais dans le vrai il y a aussi le laid et ce que je cache… mes pires déceptions. J’ai eu envie cette année de vous donner à voir ce reflet de la situation. Parce que finalement, ces textes que je n’ai pas aimés, pourront dans ce que moi je considère comme des défauts, vous donner envie de les lire ou comme moi, de passer votre chemin…
Voici donc un petit florilège de ces livres qui n’auront pas de véritables chroniques. A l’avenir certainement un rendez-vous sera mis en place mais faute d’imagination les voilà sans ordre précis.
Kérozène de Adeline Dieudonné :
Kérozène est un tournant… On retrouve la langue de l’autrice, ses phrases tranchantes et dérangeantes donnant à voir des personnalités si atypiques que ses personnages en sont désarmants. Mais cela retombe comme un soufflet. Pas de sentiments, sauf dans les premières pages, pas de choc, pas de but. Uniquement un catalogue de personnages, alternant à chaque chapitre, exposant toutes ces solitudes dans ce qu’il y a de plus banal. Une véritable déception de la part de cette autrice au talent indéniable…
Concentrez vous sur La vraie vie : un tremblement de terre ni plus ni moins…
Trouve-moi de André Aciman :
Si Appelle moi par ton nom a été un bouleversement, une vague magnifique et destructrice, la pseudo suite a été un enterrement malheureux de personnages tant aimés.
Nous retrouvons deux parties, l’une consacrée au père d’Elio et une deuxième sur Oliver. Le charme n’y est plus, les descriptions des élans amoureux ne sont plus qu’un lointain souvenir, piétinant ainsi une histoire sensible qui ne méritait pas de suite, laissant la beauté du texte à ce seul titre…
Une histoire de France de Joffrine Donnadieu :
Le récit partait de façon si puissante. Le premier chapitre, un coup de poignard. Puis la suite et là, plus rien. Nous suivons notre protagoniste dont on ne saura jamais le nom, durant les années suivants les attouchements par une voisine. Une jeune fille perturbée qui tentera de grandir et de se construire comme elle peut, sans jamais dévoiler ce qu’elle à subis. Un récit qui devient très vite plat, on tourne en rond dans le spirale d’auto-destruction du personnage et la fin ne vient malheureusement pas redresser la barre.
Reims de Yann Moix :
Si Orléans m’avait émue et incarnait le roman de l’enfance dans toute sa dureté et ses égarements, Reims est un livre plus complexe mais malheureusement fort peu intéressant. Le lecteur à l’impression de lire les excuses du mauvais élève de l’école de commerce dans toute sa splendeur. Les excuses des erreurs de jeunesse qui sont réapparues il y a quelques temps, sous la forme de dessins injurieux et antisémites. C’est comme si ce récit n’existait que pour se dédouaner et nous présenter le Yann pendant ses études supérieures, au milieu de sa bande de potes tous plus ringards, déprimés et pervers, les uns que les autres. Le style n’y est absolument pas, ce n’est pas le bon Yann Moix, le littéraire, le créatif…
Préférez Une simple lettre d’amour, Rompre ou encore Terreur…
Dora Maar et le minotaure de Slavenka Drakulic :
Force est de constater que ce livre est davantage une biographie Wikipedia pour apprendre le parcours de Dora Maar qu’un roman. Cela vient-il de la traduction, du peu de pages pour retracer une vie, du style simple et sans émotions, du format journal intime fictif… Tout cela à la fois.
Sur Dora Maar préférez sans hésitation Je suis le carnet de Dora Maar de Brigitte Benkemoun ou encore la biographie de Sophie Chauveau Picasso – Le regard du minotaure et Si jamais je mourrais.
Not that kind of girl – Antiguide à l’usage des filles d’aujourd’hui de Lena Dunham :
Lena Dunham est un nom désormais connu de toutes les féministes et du grand public par la série Girls qui a révolutionné le regard féminin dans les séries TV contemporaines. Malheureusement son antiguide n’est pas aussi accrocheur que l’on pourrait croire et c’est dommage que l’autrice nous serine les oreilles avec ses histoires d’amour foireuses, le contenu de son sac à main ou les petits trucs et astuces de sa mère. Où sont les valeurs féministes, où sont les idées lumineuses d’une femme qui a réussi brillamment et qui n’est partie de rien. Les anecdotes se suivent et se ressemblent, on passe en revu l’enfance et la famille, l’adolescence et les premiers émois, mais tout reste plat, fade et sans saveur face à l’aura de cette femme certainement plus douée pour écrire des scénarios que des livres…
La guerre des récits de Christine Ockrent :
Le sujet de la pandémie de Coronavirus a fait, fait et fera encore pour longtemps couler beaucoup d’encre. L’idée de comparer, analyser et décrypter comment les chefs des plus grands empires, Trump, Xi ou encore Poutine ont traversé cet événement, était brillante. Peut-être était-ce trop tôt et que les conséquences de leurs choix n’étaient pas encore toutes visibles, pour faire de ce constat quelque chose de pertinent. Malheureusement, nous avons sous les yeux un banal récit de ce que l’on voit tous les jours à la TV, les mêmes événements dit d’une autre façon. Nul analyse, aucun décryptage ne pointent le bout de son nez…
Affronter de François Hollande :
Affronter est présenté comme le point de vue de notre ancien président sur les candidats de cette future élection. Dans un sens c’est ce que nous retrouvons dans la première partie qui est un brin portée sur le sarcasme ; c’est d’ailleurs délectable de le lire dans ce ton là. La seconde partie est plus contemplative, une sorte de programme ou plutôt de souhait pour un renouvellement et un redressement de la gauche. Un livre dispensable et nettement moins intéressant que son précédent ; Les leçons du pouvoir.
Intéressante rubrique ! Aucun de ces livres ne m’avait attiré dans ma recherche de livres qui comme toi m’inclinent vers le beau, le vrai… Mais à ce jeu on peut se tromper. Les échanges sur nos blogs aident aussi dans ce choix ! Merci à toi et ton excellent blog 😀
Exactement et c’est aussi pour vous, pour les échanges également que j’ai voulu cet article. Je veux vous montrer l’envers du décors…
Merci pour ce compliment touchant….
J’apprécie de lire des avis mitigés et négatifs d’autant que comme tu le soulignes, les défauts pour les uns peuvent être des qualités pour les autres.
Je n’ai lu aucun de ces romans, mais Kérozène pourrait me tenter, même si je me méfie un peu d’une éventuelle surenchère comme dans La vraie vie.
Autant dans La vraie vie la surenchère ammenait à quelque chose autant ici la succession des points de vus n’apportent rien. Le premier chapitre oui, le reste retombe et c’est dommage car autre chose de plus brillant aurait pu être écrit surtout par cette autrice !
cela tombe bien, aucun de ces livres ne me tentaient 🙂 cela va permettre à ma PAL de souffler 🙂
Si cela peut t’aider je suis ravie !
Moi aussi j’apprécie tes avis négatifs. Je n’abandonne pas trop mes livres car c’est plutôt rare que je n’aime pas un livre. Merci pour tes avis.
Je suis contente que ce type d’article plaise aussi ! Je voulais aussi montrer la face sombre, on ne peut pas tout aimer et je me trompe aussi dans le choix de mes livres…
Sympa ce billet 😉 Il est toujours intéressant de lire ce qui a déplu dans un roman tout autant que ce qui a plu.
Je suis contente de vos retours ! Je pense qu’il faut savoir faire la part des choses, on ne peut pas tout aimer mais ce que moi je n’aime pas, quelqu’un d’autre pourra lui l’aimer. Et puis je trouvais important aussi de vous dire que j’ai aussi des déceptions…
Je partage ton ressenti sur Kérosène et effectivement, je conseille plutôt également de se jeter sur l’incroyable la vraie vie…
La vraie vie m’a tant remuée, secouée, émue…
Eh bien, je n’en ai lu aucun mais j’avais quand même noté Kérosène parce que j’avais bien aimé La vraie vie 😉
A part le premier chapitre de Kerozene, je n’ai pas accrochée au reste, j’aurais voulu du whoua et du spectaculaire, de la violence qui mène à quelque chose mais la rien, ça retombe et c’est lourd…
Ah, effectivement, dommage…
Je compte bien lire Kérozène maintenant que j’ai adoré La Vraie Vie, mais je n’en lis pas beaucoup de bien…
J’espère qu’il te plaira plus qu’à moi… l’idée était bonne, mais elle aurait pu faire tellement mieux au vu de son style si franc.