»Soumission » de Michel Houellebecq

Titre VF : Soumission
Auteur : Michel Houellebecq
Editions Flammarion, 2015.
Genre : Littérature contemporaine

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 » Beaucoup d’hommes s’intéressent à la politique et à la guerre, mais j’appréciais peu ces sources de divertissement, je me sentais aussi politisé qu’une serviette de toilette, et c’était sans doute dommage. Il est vrai que, dans ma jeunesse, les élections étaient aussi peu intéressantes que possible ; la médiocrité de l’ « offre politique » avait même de quoi surprendre.  »

Résumé :
 » Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s’engage dans la carrière universitaire. peu motivé par l’enseignement, il s’attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu’à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve.
Le talent de l’auteur, sa force visionnaire nous entraînent sur un terrain ambigu et glissant ; son regard sur notre civilisation vieillissante fait coexister dans ce roman les intuitions poétiques, les effets comiques, une mélancolie fataliste.
Ce livre est une saisissante fable politique et morale.  »

 
Mon avis :
Dans quelques années, au sein d’une France au bord du gouffre, l’élection de Mohamed Ben Abbes, du parti Musulman, face à Marine Le Pen et le Front National, donne un nouveau tournant aux jeux politiques des dernières décennies. Le principal point sur lequel Ben Abbes pose les bases de son programme est l’éducation. Il prône l’envie du peuple Français de retourner à des valeurs religieuses, liées à la passation du savoir au sein des écoles et centres universitaires, qui redonneraient une harmonie sociale.

Le narrateur, un universitaire, que sa profession rend intouchable jusqu’alors malgré les changements de partis, est le principal pris dans ce revirement politique. C’est un anti-héros par excellence, qui nous ressemble par certains côtés. Il incarne le Français moyen, que la politique n’intéresse pas outre mesure, que son travail rend sinistre et que sa solitude attriste. Il est d’autant plus pertinent de suivre ce personnage, qui va changer, évoluer et se poser des questions au contact de cette nouvelle politique. Nous sommes au cœur de ses errances, ses cheminements au sein de ses interrogations et ses approches de réponses.

Par ce personnage, Houellebecq nous offre un récit qui nous interroge, nous donne à repenser nos conceptions, politiques et sociales, nos envies pour notre pays, ou au contraire notre passivité et notre soumission face au pouvoir.
Nous pouvons le comparer aux récits de Platon ou Socrate, ayant un aspect didactique du passage de connaissances. Basés sur des questions et réponses d’un personnage à un autre, ses dialogues philosophiques vont jusqu’au bout d’un sujet, des définitions mais aussi des paradoxes et des points divergents, afin d’avoir une vue d’ensemble d’un thème.
Ce que je reprocherai au récit, se sont les différents passages sur la vie sexuelle du personnage, décrit avec force détails. Je ne pense pas que ces derniers soient véritablement essentiels, même si il est inévitable de parler de sexualité dès lors que l’on parle de changement aussi conséquent de parti politique et de pouvoir dirigeant. Malgré tout, le développement de ce sujet, ici, pour moi, n’est pas essentiellement basé sur le pouvoir en place, mais bien plus de mélanger des sujets scandaleux (politique, sexe et religion). Malheureusement, car cela fini par noyer le propos, qui est pourtant plus que pertinent.

En conclusion, avec ce livre, Houellebecq tend à démontrer notre soumission face aux jeux de pouvoir politique, et y arrive particulièrement bien, tant ce qu’il expose est réaliste.

15 réflexions sur “ »Soumission » de Michel Houellebecq

  1. Pingback: Bilan Mars 2015 et Dans la hotte de Charlotte : | Topobiblioteca

      • Et du moment aussi je pense.
        Il faut dire que ce bouquin a été le fruit d’un sacré battage médiatique qui, au lieu d’éveiller ma curiosité, a plutôt eu comme résultat de saturer ma tête d’infos le concernant.
        Dans quelques temps peut-être, si je traverse une période « lectures sérieuses » ^^

      • Je peux très bien comprendre ton point de vu, parfois on entends tellement parler d’un livre, en bien ou en mal, que finalement on a l’impression de l’avoir lu avant de l’avoir entre les mains.

  2. Oh ce livre avait bien fait parler de lui! Au-delà du sujet, je ne sais pas si je tenterais car le seul livre que j’avais lu de Houellebecq (La possibilité d’une île) ne m’avait absolument pas emballé!

    • Je ne peux pas du tout t’aiguillonner car c’était mon premier Houellebecq, le style m’a plus dans l’ensemble, même si les petites intrusions des scènes de sexe n’étaient pas, selon moi, essentielles. Je pense même tenter un autre de ses livres afin de véritablement me faire une opinion.

  3. Ahhh enfin quelqu’un qui a lu ce livre !! Tu es la première parmi mes amis de la blogo à faire un article dessus, je suis contente de pouvoir « comparer » mon opinion (si tu te souviens bien, j’avais tapé un article dessus 🙂 !) C’est donc une lecture que tu sembles avoir appréciée. Je te rejoins sur le faible intérêt des scènes sexuelles…

  4. On entend beaucoup parler de cet auteur et c’est vrai que je suis assez curieuse par le roman aussi. C’est le premier avis que je vois alors merci !

  5. Je n’ai pas du tout appréciée ma lecture, j’ai trouvé l’intrigue décousus et de temps en temps inabouti. Notamment les premières scéances avec le départ du héros pour Martel. Le héros était complètement maléable, j’aurai préféré un personnalité avec un caractère plus fort, des idées plus arrêtées, pour plus de discussions et de débats. Tu as raison, son perso lui permet de poser des questions, de le faire évoluer etc.
    J’attends de lire le Rolin pour les comparer.

    • Il est vrai que parfois l’histoire part un peu dans divers sens et on peut perdre le fil de l’intrigue. Le protagoniste est en effet, peut-être trop malléable, mais je l’ai vraiment pris comme le français moyen qui se soumet au pouvoir en place, mais peut être qu’un héros plus charismatique aurai été plus complexe. Je pense que je vais faire comme toi, comparer et me faire un avis sur les deux.

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