»Cyrano » de Thaï-Marc Le Thandh et Rebecca Dautremer

Titre VF : Cyrano

Auteur : raconté par Thaï-Marc Le Thanh d’après Edmond Rostand

Illustrateur : Rebecca Dautremer

Editions Gautier-Languereau, collection Les Histoires, 2005.

Genre : Album jeunesse, réécriture de conte

 » Quand on a gros nez, on peut aussi avoir une vie normale.

Manger (sans trop de poivre), boire (avec une paille),

dormir (sauf sur le ventre) et être amoureux (sans commentaires).  »

Lire la suite

 »La Belle et la Bête » de Madame de Villeneuve et Madame Leprince De Beaumont

Titre VF : La Belle et la Bête
Auteurs : Madame de Villeneuve et Madame Leprince de Beaumont
Editions Chêne, 2013.
Genre : Classique, conte

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

 » Mais on se lasse de tout, le plus grand bonheur devient fade quand il est continuel, qu’il roule toujours sur la même chose, et qu’on se trouve exempt de crainte et d’espérance.  »

Lire la suite

 »Belle du Seigneur » de Albert Cohen

Titre VF : Belle du Seigneur
Auteur : Albert Cohen
Editions Gallimard, 1968. ( éditions Folio, 1998 )
Genre : Classique

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

 » Les autres mettent des semaines pour arriver à aimer, et à aimer peu, et il leur faut des entretiens et des goûts communs et des cristallisations. Moi, ce fut le temps d’un battement de paupières.  »

Lire la suite

 »L’étrange cas du Docteur Jekyll et de M. Hyde » de Stevenson

Titre VO : The Strange Case of Dr. Jekyll and Mister Hyde (1886)
Titre VF : L’étrange cas du Docteur Jekyll et de M. Hyde
Auteur : Robert Louis Stevenson
Editions Folio Classique, 2003.
Genre : Fantastique, classique

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

 » Ici régnait une obscurité qui évoquait les ténèbres de la nuit ; plus loin, c’était une lueur brune, riche et sanglante, comme produite par une mystérieuse déflagration ; plus loin encore, l’espace d’un instant, le brouillard se déchirait et un rayon hagard de lumière diurne hasardait un regard entre les gerbes tourbillonnantes de la brume.  »

Lire la suite

 »En attendant Godot » et  »Oh les beaux jours » de Beckett

Titre : En attendant Godot et Oh, les beaux jours !

Auteur : Samuel Beckett

Edition de Minuit, 2012 ( première publication en 1952 )

Genre : Théâtre de l’absurde

OLYMPUS DIGITAL CAMERAOLYMPUS DIGITAL CAMERA

 » Les larmes du monde sont immuables. Pour chacun qui se met à pleurer, quelque part un autre s’arrête. Il en va de même du rire. Ne disons donc pas de mal de notre époque, elle n’est pas plus malheureuse que les précédentes. N’en disons pas de bien non plus. N’en parlons pas. Il est vrai que la population a augmenté.  » ( En attendant Godot p. 42)

Lire la suite

La poétique d’Aristote

Titre : La poétique

L’auteur : Aristote

Introduction, traduction nouvelle et annotations de Michel Magnien.

Édition les Classiques de Poche, chez Le Livre de Poche.

Genre : essai, théâtre, classique.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

 »Il faut préférer ce qui est impossible mais vraisemblable,

à ce qui est possible, mais n’entraîne pas la conviction.  » ( p. 126 ) Lire la suite

Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare :

Titre : Le songe d’une nuit d’été

Titre original : A Midsummer Night’s Dream

Auteur : Shakespeare

Traduit de l’anglais, par Jean-Michel Depras

Edition Folio Théâtre, 2003

Résumé :

 » À Athènes, la douce Hermia s’enfuit dans la forêt pour fuir Égée, son père, qui veut la marier à Démétrius, lui-même convoité par Hélèna. Hermia, elle, aime Lysandre d’un amour partagé. Lysandre, Démétrius et Hélèna la poursuivent et la retrouvent, la nuit, dans la forêt. C’est alors qu’interviennent les esprits de la forêt et souverains des elfes, Oberon et Titania, qui viennent de se quereller. Pour se venger de son épouse, Oberon commande à son fidèle Puck de verser sur ses yeux un filtre qui doit la rendre amoureuse du premier être qu’elle rencontrera à son réveil : le sort tombe sur Bottom, tisserand de son état et comédien amateur qui, venu répéter la tragédie Pyrame et Thisbé avec ses compagnons, se retrouve, par la malice de Puck, affublé d’une tête d’âne. Titania lui fait pourtant fête, tandis que le quatuor des jeunes amoureux est, lui aussi, victime de Puck : en effet, son maître Oberon lui a commandé de réconcilier amantes et amants à l’aide du même filtre, mais le lutin s’est trompé, semant du même coup la plus folle des confusions… Mais à la fin, tout rentre dans l’ordre et, tandis que Titania retrouve la maîtrise d’elle-même et Bottom sa tête d’homme, Hermia gagne l’amour de Lysandre et Hélèna celui de Démétrius. Tout est prêt pour leurs mariages, en l’honneur desquels Bottom et ses comparses présentent, de manière grotesque, Pyrame et Thisbé.

Quatre histoires d’amour vont s’entrecroiser au coeur d’une folle nuit d’été. Aucun protagoniste n’en sortira indemne, tant les rapports hommes et femmes sont ici dominés par la sensualité, l’orgueil et le pouvoir.

Mon avis :

J’ai continuée ma plongée dans Shakespeare avec ce titre, pour mon cours d’histoire du théâtre. Bien que j’ai appréciée les thèmes développés, je suis moins réceptive sur l’humour dont l’auteur fait preuve ici.

Nous pouvons tout d’abord développer le thème du  »labyrinthe » : nous avons dans cette pièce deux lieux aux fonctions contradictoires. Il y a le Palais, qui est un lieux solaire, où règne la loi du père, qui est opposé à la forêt, où l’on perds son chemin mais également son identité, les sentiments que l’on avaient pour une personne, et enfin où la morale n’existe plus, puisque toutes lois est rendu caduc, c’est un lieu du déchaînement sexuel. Le labyrinthe est un motif typique de la littérature médiévale, qui est tantôt un piège d’amour, tantôt un gouffre démoniaque, depuis  »Les métamorphoses » d’Ovide.

Labyrinthe pourquoi ? Puisque les fameux jardins à l’Anglaise de l’époque sont de véritables labyrinthes, et que la littérature a très souvent pris ce lieu pour rendre plus symbolique le désordre amoureux. Mais également parce que l’auteur fait ici de nombreuses référence à ses autres œuvres, d’où se dédale architecturale.

Référence à  »Roméo et Juliette » : Roméo tombe amoureux de Juliette au premier regard. Dans  »Le Songe », la vision est parodique avec le personnage de Lisandre puisque c’est en changeant d’espace ( du Palais où il aimait Hermia à la forêt où il aime Héléna ) qu’il change d’objet de désir suite au philtre d’amour, qui, dès que l’on pose les yeux sur quelqu’un, on en tombe systématiquement amoureux. La vision ainsi romantique dans  »Roméo et Juliette » est ici déformée.

Référence également au titre même de  »Roméo et Juliette » : le titre original est  »La plus lamentable ( au sens tragique ) tragédie est Roméo et Juliette » et la pièce que certains personnages préparent à l’intérieur même du  »Songe », est  »La plus lamentable comédie est Pyrame et Thisbé ». Cette dernière est totalement l’anamorphose ( l’inverse ) parodique de Roméo et Juliette.

Donc le labyrinthe de la forêt n’est pas seulement considéré comme un espace dans lequel le personnage se perd, mais comme un lieu dans lequel le lecteur se perds aussi, avec les multiples références aux œuvres de l’auteur, mais également à la littérature et à la philosophie de l’époque.

Shakespeare reprends ici le célèbre sonnet 176 de Pétrarque : où il est question d’un jeune homme, se promenant en forêt et assimilant toutes les choses qu’il voit aux nombreuses qualités physiques de sa maîtresse. C’est l’éloge de l’amour au premier regard. Ici, dans  »Le songe », Shakespeare reprends le lieux, mais le motif est ridiculisé par le fait que l’amour au premier regard, soit délivré par un philtre d’amour, et non par la volonté d’une puissance supérieur de l’Amour.

L’auteur reprends également le drame  »Pyrame et Thisbée » inventé par Ovide.

Nous pouvons également citer les thèmes de l’art et de l’amour : En effet  »Le songe » regorge de références à la littérature comme dit précédemment, ce qui est un procédé Baroque par excellence. Mais aussi et surtout la présence du théâtre dans le théâtre. Comme Daniel Arasse (un spécialiste du Baroque) à dit :  » au cœur du Baroque c’est la relation de l’art à sa propre technique, la relation de l’art à lui-même qui devient l’objet d’une attention artistique particulière.  » Ici la pièce dans la pièce, met en scène la vérité des personnages, leurs vies telles qu’elles auraient du être si ils n’avaient pas été dans la forêt. C’est-à-dire une pure tragédie, qui se transforme en comédie. C’est le début de la théorisation du théâtre. Notamment par la tirade de Puck, qui explique que l’on peut voir le théâtre comme un rêve, mais que la première chose qu’il génère est la vérité. C’est une vision moderne, puisque c’est dans la représentation que l’on accède à la vérité. Et que le rêve, tout comme l’inconscient est un espace où l’on représente ce réel en le réordonnant, qui donne accès à la vérité de l’être.

L’amour y est représenté, mais un amour comme un désir de beauté, puisque comme le dit Lysandre, il aime Hermia car elle est belle. Mais le chassé-croisé amoureux dans les bois, fais subir à cette définition quelques transformations. Car la beauté change avec le lieu, et celle qui était envisagée comme belle, se retrouve laide. Ici, Shakespeare ce moque de l’amour Platonicien contenue dans  »Le phèdre » : l’amour comme un désir de beauté, qui nous rapproche des Dieux, et faits s’élever notre âme. C’est le point de départ du Songe, mais l’auteur retourne cette situation dans la forêt. C’est une posture idéologique qui brise la conception philosophique de l’Amour Platonicien. Mais il ne brise pas seulement le monde et les idées de Platon, il redéfinit l’être humain comme soumis à ses pulsions animales et instinctives, et se détourne du beau. Il montre l’instabilité et le constat éphémère du sentiment amoureux, et reconstruit un monde comme l’inverse du monde Platonicien, en plus instable, où l’on peut être amoureux d’Héléna un jour, et d’Hermia le lendemain. Et c’est en construisant un monde instable où beauté et laideur sont associées voir confondues, que Shakespeare détruit complètement les idées Platoniciennes.

En conclusion,  »Le Songe d’une nuit d’été » est un manifeste idéologique, dans lequel l’auteur s’en prends à toute la tradition Occidentale : sur laquelle s’appuie la poésie médiévale de Pétrarque, mais également Ovide et Platon, dans leurs conception respectueusement de la littérature et de la philosophie. Mais il ne se contente pas de les tourner en dérision, il leur oppose des anti-modèles.

Au Platonicisme, qui suppose des valeurs et une substensialisation des idées ( l’essence de l’Amour existe donc l’Amour stable existe ), Shakespeare propose un monde instable qui est constamment en métamorphose, il n’y a plus d’essence et les contraires se confondent. ( je suis morte de rire devant ma dernière phrase !!! Plus d’essence heum je sors ^^ )

J’ai appréciée ma découverte de Shakespeare à travers ces études de livres, et je continuerais assurément avec d’autres titres de l’auteur ( déjà conseillé par Annaglasgow =) ) !

Extrait :

 » […] L’amour ne voit pas avec les yeux, mais avec la pensée ;

Ainsi on peint aveugle Cupidon ailé.

La pensée de l’amour n’a aucun jugement :

Des ailes, et point d’yeux, figurent une hâte insouciante.

Voilà pourquoi, dit-on, l’amour est un enfant :

Parce que, dans son choix, il se leurre souvent.

Comme des garçons espiègles, dans leurs jeux, se déguisent,

Ainsi le jeune Amour se parjure partout.  » Acte I, scène I

Hamlet de Shakespeare :

Titre : La tragique histoire d’Hamlet, prince de Danemark

Titre original : The tragical history of Hamlet, prince of Danemark

Auteur : Shakespeare

Traduit de l’anglais par Jean-Michel Depras

Edition folio théâtre, 2004

 

Résumé :

 » Il s’agit de la plus longue et l’une des plus célèbres pièces de William Shakespeare. La date exacte de composition n’est pas connue avec précision ; la première représentation se situe sûrement entre 1598 et 1601. Le texte fut publié en 1603. Le roi du Danemark est mort récemment ; son frère Claudius l’a remplacé comme roi, et moins d’un mois après avoir épousé Gertrude, la veuve de son frère. Le spectre du roi apparaît alors, et révèle, à son fils, qu’il a été tué par Claudius. Hamlet doit venger son père, et, pour mener à bien sa tâche, simule la folie. Mais il semble incapable d’agir, et, devant l’étrangeté de son comportement, l’on en vient à se demander dans quelle mesure il a conservé sa raison.  »

Mon avis :

J’ai depuis longtemps l’envie de me plonger dans l’immense œuvre de se maître de la littérature anglaise : Shakespeare. Et par un heureux hasard, cette année, pour mon cours d’histoire du théâtre, le programme s’articule autour de celui-ci !

J’ai donc commencée mon immersion avec  »Hamlet » et son fameux monologue  »être ou ne pas être ».

Ici Hamlet, notre personnage principal, est confronté à la mort de son père, mais également au remariage de sa mère, avec son oncle, Claudius. Ce dernier offense Hamlet, en l’accusant de  »ne pas souffrir en homme », sa mère même lui enjoue de remonter la pente au plus vite, puisque  »tout vivant doit mourir ». Mais lorsque le spectre du défunt roi apparaît, et expose les raisons de son assassinat, par son frère, Hamlet sait que plus aucun revirement ne sera possible, et qu’il est condamner à choisir entre la vengeance que lui demande son père, et celle de connaître réellement la vérité.

Il voue un dégoût et un mépris sans borne au comportement de sa mère, ce qui le conduit à un plaidoyer très virulent contre les femmes : pour lui elles rendent les hommes mauvais, car elles sont  »fourbes ». Le mariage est une farce, uniquement fait par intérêt.

Plus d’une fois, cette haine contre sa mère, l’emportera sur son amour pour la belle Ophélie, et à travers elle, il s’adressera à sa mère.

Il y a un premier thème que nous pouvons évoquer pour  »Hamlet », est que la mort y est présente de différente façon en tant que fil rouge de la pièce. Cette dernière est une réflexion sur la place de la mort dans la vie. Hamlet, à la fin du monologue  »être ou ne pas être », conclu que la mort n’est pas  »un pays lointain dont nul voyageur ne revient », mais qu’elle appartient à l’espace des vivants.

La mort est incarnée dès la scène 1, de l’acte 1, par le spectre du défunt père d’Hamlet, le Roi. Mais là encore, la présence d’un fantôme, donc de la mort, n’est pas perçu de la même façon pour tout le monde. Par exemple, Horacio, n’y croit pas et nomme le spectre :  »la chose », puisque c’est un érudit, il revient avec Hamlet d’ailleurs, de l’université de Wittenberg.

A l’époque de Shakespeare, le nouveau Testament paraît, et le Purgatoire n’y fait plus figure. Alors la croyance populaire voulait que si l’on voit un mort, se soit une hallucination ou une farce du Diable, c’est l’explication du fait qu’Horacio soit septique et qu’Hamlet, suite à la demande de vengeance de son père, mette 4 actes à prendre une décision.

Dans les monologues d’Hamlet nous le voyons hésiter et ne savoir quel parti prendre, accepter le possible retour d’un mort et se venger, ou ne rien faire au risque de laisser passer un acte punissable, en une forme de pouvoir pour le meurtrier : nous assistons au doute de sa pensée, et à ses réflexions sur la mort.

Dans son premier monologue ( acte 1, scène 2 ), Hamlet fait un éloge du suicide, en regrettant que la morale religieuse interdise cet acte. Il rêve de disparition, puisque la mort est envisagée comme lointaine. A ce moment-là, il pense que la vie et la mort sont deux choses fondamentalement séparées, ainsi il regrette d’être parmi les vivants.

Mais dans son second monologue ( acte 3 ), le fameux  »to be or not to be », il expose une évolution de sa pensée, par les images qu’il exprime. La mort est désormais envisagée comme un sommeil.

Et enfin dans son troisième monologue ( acte 5, scène 1 ), il réalise que la vie et la mort ne sont pas séparées, en regardant le crâne de Yorick. Ce qui lui fait comme un électrochoc, c’est lorsque le fossoyeur lui dit que le pourrissement du corps commence même lorsque l’on est en vie, donc la mort habite la vie. L’existence humaine est un mouvement sans fin, la vie et la mort sont mêlées et on ne peut les séparer, car la vie est une forme de mort recyclée qui à continuée à se transformer et est revenu sous une autre forme.

Hamlet ayant peur de tuer Claudius, l’assassin de son père, c’est après avoir compris que la mort n’est rien puisque mort et vie sont semblables qu’il peut tuer son oncle, et envisager sa propre mort.

Connaître et apprivoiser la mort sont donc deux propos de la pièce, en se confrontant avec elle, il la repense et peut ainsi punir les coupables, tout en ayant moins peur de la mort, puisqu’il sait désormais ce qu’elle est : une partie de la vie.

Nous pouvons explorer également le motif de la construction cyclique de l’œuvre : tout d’abord, le lieux où Shakespeare rédige cette pièce, puisqu’à son époque les productions théâtrales s’écrivaient à chaud, si je puis dire, sur le plateau, se nomme le Globe, qui est particulièrement révélatrice de l’esthétique de l’époque.

La pièce commence avec la mort du père d’Hamlet, qui revient vers les vivants, et elle se fini avec la mort d’Hamlet. Nous pouvons donc supposer que si l’œuvre continuait Hamlet reviendrait dans le monde des vivants. D’ailleurs est-ce anodin si le père et le fils se nomment Hamlet ?

Ensuite, Hamlet est placé en miroir avec Fortinbras, le fil du Roi de Norvège. Puisque leurs pères à tout deux sont morts, et qu’ils portent leurs prénom. Ce qui est une superposition de la vie et de la mort de façon cyclique.

Enfin le parcours d’Hamlet est lui même l’anamorphose, c’est à dire le reflet déformé, de celui d’Ophélie. Puisque pour comprendre la mort, notre personnage principal prends le masque de la folie, mais une folie théâtrale, qui le conduit à la mort. Ophélie, elle, à la mort de son père, devient vraiment folle et se suicide.

Ces anamorphoses sont typiques de l’esthétique Baroque, puisque nous pouvons citer également la présence de théâtre dans le théâtre, où va se rejouer l’assassinat du père d’Hamlet qui à déjà eu lieu. Cette répétition n’est pas insensée car c’est en représentant les choses, que l’on atteint la vérité.

Le dernier grand thème que nous pouvons citer est le parcours atypique du temps, dans cette pièce : en effet, la dramaturgie classique antique voulait qu’une pièce de théâtre commence au levé du soleil et que tout soit réglé à son couché.

Mais dans  »Hamlet » le temps est circulaire : comme le dit notre personnage principal dès l’acte 1  » le temps est sorti de ses rails  », puisqu’il y a l’intrusion du passé dans le présent, par la présence du spectre. Sa conséquence est la réflexion d’Hamlet, qui découvre que le monde des vivants se confond avec celui des morts.

Mais également par la présence de la première réplique de la pièce :  »Qui est là ? » qu’il faut comprendre au delà de l’intrigue : ici nous devons entendre de quoi est fait le monde, qui existe ici. La réponse nous est donné à l’acte 5, où Hamlet réalise que le monde est remplis des traces du passé. On envisage le monde comme un lieu dans lequel il n’y a pas d’objets ni de présence originel. Ce qui habite le présent est la représentation de quelque chose qui à déjà existé par le passé et qui revient avec la marque du fait qu’il a déjà servi dans un autre temps. La question adressé au lecteur est philosophique : qui habite le monde ?

En conclusion, j’ai vraiment beaucoup aimée cette pièce qui aborde des thèmes réalises ; tels que tenter de vivre après la perte d’un proche, quel part doit on donner à la vengeance, mais aussi comment accepter le nouveau mariage de sa mère. Mais également des thèmes plus philosophiques comme quelle place à la mort dans notre monde.

A travers Hamlet, c’est toute une réflexion qui est mené et nous amène nous aussi, lecteurs ou spectateurs, à nous poser ses questions.

Extrait :

 »[…] parce que je sais que l’amour est crée par le temps,

Et que je vois, sur des exemples avérés,

Que le temps en diminue l’étincelle et le feu.

Il y a dans la flamme même de l’amour

Une mèche qui charbonne et qui l’amoindrira ;

Rien ne garde à jamais la même perfection,

Car la perfection, croissant jusqu’au trop-plein,

Meurt de son propre excès.  » ( p. 285 – 287 ) Acte IV, scène VII

L’auteur :

Si son œuvre a traversé les siècles pour devenir un monument de la littérature universelle, l’histoire de Shakespeare semble condamnée à être écrite au conditionnel tant elle est sujette à controverse. Que de thèses échafaudées sur la véritable identité du dramaturge anglais, sur les pièces qu’il aurait écrites ou sur la vie qu’il a menée. Son existence même a été parfois remise en cause. Si la France a attendu le XXème siècle pour entendre une controverse sur la paternité des textes de Molière, Shakespeare voit sa légitimité remise en question dès le milieu du XIXème siècle au profit de Bacon, Marlowe, voire de la reine Elisabeth en personne.

William Shakespeare naît le 23 avril 1564 à Stratford-sur-Avon dans le comté de Warwick en Angleterre au sein d’une famille catholique. De sa jeunesse, on ne connaît que peu de choses, sinon qu’il fut certainement l’élève de l’école de Stratford.

En novembre 1582, William épouse Anne Hathaway, femme de huit ans son aînée et qui lui donne un enfant dès le mois de mai. Suivent des jumeaux en février 1585.

Puis, on perd la trace de Shakespeare pour longtemps. On ne sait quasiment rien de ses années de formations. L’hypothèse traditionnelle est que Shakespeare aurait quitté Stratford pour éviter les représailles d’un certain sir Thomas Lucy sur les terres duquel il aurait braconné. Il aurait alors rejoint Londres. Mais cette supposition repose surtout sur l’anecdote du délit de chasse de Falstaff dans Henry IV.

Toujours est-il qu’en 1592, la plume assassine du dramaturge Robert Greene rend compte de la présence de Shakespeare à Londres dans le milieu théâtral, dans un pamphlet nommé  » Un liard de malice  ». Pendant les dix années entre son mariage et ce fameux article, on ne sait rien de l’auteur : d’époux précoce à Stratford, il est devenu dramaturge et acteur reconnu sur la scène effervescente du théâtre élisabéthain. Mais la route qu’il a empruntée nous reste inconnue. C’est d’ailleurs un point qui alimente les thèses critiques sur l’identité de Shakespeare.

Il s’établit au Théâtre du Globe avec la compagnie des « Lord Chamberlain’s Men », dont il est l’un des sociétaires. La troupe prend le nom de leur protecteur Lord Chamberlain, alors censeur officiel des représentations théâtrales.

A défaut de connaître véritablement Shakespeare, on distingue quatre périodes dans ces œuvres. De 1590 à 1594,  il écrit des drames historiques et politiques tels que Henry VI et Richard III. La sagesse, l’harmonie des pouvoirs sont opposées aux désordres et injustices nés de l’ambition personnelle. Mais il écrit parallèlement quelques comédies.

Les œuvres de la période suivante, de 1594 à 1600, appartiennent à des registres proches. Ainsi le dramaturge écrit Henry IV mais aussi du Songe d’une nuit d’été, un exemple caractéristique des comédies au ton fantaisiste de l’époque. Mais Shakespeare y écrit aussi l’une de ses tragédies les plus connues : Roméo et Juliette.

A partir de 1600, les œuvres prennent un ton plus grave et sont empreintes de pessimisme. Mort, démesure, pour ne pas dire folie, sont en effet des thèmes récurrents de ces tragédies, qui sont désormais classées comme  »des pièces à problèmes.  »

En 1611, Shakespeare décide de se retirer du théâtre et de prendre sa retraite sur ses terres natales. Il s’éteint le 23 avril 1616 à l’âge de 52 ans, laissant derrière lui une œuvre impressionnante et un épitaphe explicite maudissant quiconque ouvrirait ou déplacerait sa tombe.

La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette (édition Le Livre de Poche)

Résumé :

 » « La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru avec tant d’éclat que dans les années du règne de Henri second « , et c’est bien sûr le théâtre de la brillante cour des Valois que se noue et se joue la passion de la princesse de Clèves et du duc de Nemours. Passion tacite, et qui ne s’exprime longtemps que par des signes : un portrait dérobé, la couleur d’un vêtement au tournoi, la soudaine émotion d’un visage. Passion tragique, aussi, dont la mort est la conséquence imprévue.

Si La Princesse de Clèves, lors de sa parution en 1678, est le livre le plus immédiatement commenté de son époque, c’est que, sans rompre totalement avec le roman antérieur, il y introduit le souci de vraisemblance et de brièveté qui caractérise alors la nouvelle, et concilie de manière neuve  narration et psychologie. Le premier roman d’analyse ? Certainement. Mais simplement, aussi, un grand roman sans romanesque.  »

Autre résumé :

 » « Je vais vous faire un aveu que l’on n’a jamais fait à un mari… «  Sincère, tourmentée, la princesse de Clèves ne parvient plus à taire ses sentiments. Elle brûle d’amour depuis trop longtemps pour le duc de Nemours, l’un des plus beaux fleurons de la cour d’Henri II. Son désir est ardent ! Désespéré ! Mais elle a juré fidélité à son époux, le prince de Clèves. Elle aspire au bonheur et ne peut brader sa vertu. Elle veut aimer sans trahir… Cruel dilemme ! Faut-il donc renoncer au monde ? Faire ainsi le malheur d’un mari et d’un amant ? La mort est-elle préférable aux affres de l’amour ? Du mariage au déchirement, de la pudeur au sacrifice… Madame de La Fayette exprime jusque dans ses plus impudiques silences la langue subtile de la passion.  »

Mon avis :

Depuis quelques temps je me suis dit qu’il fallait que je lise plus de classique. Celui-ci s’est imposé à moi comme LA référence de tout mes professeurs de Français depuis la 6eme, sans que jamais je n’ai eu l’envie de m’y plonger plus que cela.

Nous découvrons une nouvelle venue à la Cour des Valois, sous le règne d’Henri second, en la personne de Mademoiselle de Chartre, jeune fille blonde au teint d’albâtre, qui attire les regards et les convoitises des hommes autant que des femmes.

Monsieur de Clèves, est le seul à oser la demander en mariage. Sur les conseils avisés de sa mère, elle accepte afin de voir sa réputation s’embellir de raison, malgré qu’elle n’éprouve qu’une sympathie teintée de respect, pour cet homme.

J’ai énormément apprécié ce dernier, ressentant une envie de le préserver des affres de l’amour, de le protéger et de lui donner ce que Madame de Clèves lui refuse. ( oui, j’ai succombé à son charme si doux  !!! )

Bientôt Monsieur de Nemours, provoque en elle un profond bouleversement. Celui-ci est attiré par Madame de Clèves, et c’est pour moi le personnage le plus ambiguë de la nouvelle, puisqu’il ne cessera de la courtiser, alors qu’elle est mariée, ayant surtout une renommée de coureur de jupons, entretenant de nombreuses liaisons. Malgré tout, nous sentons de véritables sentiments poindre dans son cœur, mais aucunes réponses concrètes ne sera apportée, ci ce n’est ces actes, qui dans un monde où les apparences sont de mises peuvent jouer contre lui, et contre nous.

La fin de l’histoire est tragique, mais comment un triangle amoureux peut avoir une issue autre ? Je trouve qu’elle convient parfaitement à l’univers instauré par l’auteur, aux profils des personnages, et au contexte historique et sociale de l’époque, qui est un aspect que l’on ne peut occulter.

L’écriture est tout en douceur, les longs apartés concernant les sentiments, et les tourments intérieur des personnages, notamment de Madame de Clèves, sont d’une sincérités envoûtantes, et donnent un accès de passion violente, que l’on n’a pas autrement dans la nouvelle. On se surprends à se mettre à la place de cette femme, se demandant quel choix nous aurions fais.

En ce qui concerne la partie  »Introduction », celle-ci est particulièrement bien rédigée et accessible. Indispensable afin de mieux appréhender la lecture, elle nous restitue le contexte historique et littéraire.

Elle nous apprends que Madame de Lafayette fait partie du mouvement littéraire des Précieuses, femmes écrivains qui veulent être considérées autrement, aimant l’amour courtois mais n’appréciant pas ses travers, tels que la jalousie, ou l’inconstance.

  • Points positifs : l’introduction, l’écriture de Madame de Lafayette, tout en lenteur piquée de folie passionnelle, l’ambiguïté du personnage de monsieur de Nemours, la jalousie légitime de monsieur de Clèves, et la folle passion de madame de Clèves, qui incarne ici un mythe de femme.

  • Points négatifs : la profusion de personnages de la Cour, que l’on nous nomme dans la 1ere partie, avec leurs qualités et leurs fonctions, que l’on oublie au fil de la nouvelle, de plus je trouve que ce n’est pas gênant en soi dans la lecture, de ne pas les connaître étant donné qu’ils ne sont que des témoins de l’histoire.

Extraits :

 » Les femmes jugent d’ordinaire de la passion qu’on a pour elles, continua-t-il, par le soin qu’on prend de leur plaire et de les chercher ; mais ce n’est pas une chose difficile, pour peu qu’elles soient aimables ; ce qui est difficile, c’est de ne s’abandonner pas au plaisir de les suivre ; c’est de les éviter, par la peur de laisser paraître au public, et quasi à elles-mêmes, les sentiments que l’on a pour elles. Et ce qui marque encore mieux un véritable attachement, c’est de devenir entièrement opposé à ce que l’on était, et de n’avoir plus d’ambition, ni de plaisirs, après avoir été toute sa vie occupé de l’un et de l’autre.  » ( p. 111 ) ( pour moi, ce paragraphe résume le livre )

 » Elle ne se flatta plus de l’espérance de ne le pas aimer ; elle songea seulement à ne lui en donner jamais aucune marque.  » ( p. 112 )

 » Je n’ose vous parler, je n’ose même vous regarder : je ne vous approche qu’en tremblant.  » ( p. 171 )

 » C’est pourtant pour cet homme, que j’ai cru si différent du reste des hommes, que je me trouve comme les autres femmes, étant si éloignée de leur ressembler.  » ( p. 184 )

  » Je vous adore, je vous hais, je vous offense, je vous demande pardon, je vous admire, j’ai honte de vous admirer.  » ( p 199 )

L’auteur :

Naissance à Paris, le 18 mars 1634, de Marie-Madeleine Pioche de La Vergne qui deviendra Madame de La Fayette.

En 1650, suite à la mort de son père, sa mère se remarie avec le chevalier Renaud de Sévigné, l’oncle de la Marquise de Sévigné. Celle-ci devient l’amie intime de Marie-Madeleine.

A 21 ans, elle épouse à Paris, le comte François de La Fayette, officier en retraite de 38 ans, et qui est veuf, d’une grande noblesse, mais sans argent. Ce mariage de raison, arrangé par sa mère, vaut à Marie-Madeleine une vie sans passion mais sans tragédie. Les époux adopteront un mode de vie qui les satisfaisant tous les deux : elle fréquentera les salons parisiens, tandis que le comte restera sur ses terres d’Auvergne.

Mme de La Fayette, parallèlement à sa vie de famille, puisqu’elle à deux fils, connaît une certaine renommée dans les milieux mondains. Elle se lie d’amitié avec Henriette d’Angleterre, la future duchesse d’Orléans. Elle côtoie Segrais, un poète qui entrera à l’Académie française en 1662.

Au mariage de son amie Henriette d’Angleterre avec Philippe d’Orléans ( Monsieur, frère du roi), elle accède au cercle des intimes du Palais Royal. Cette situation privilégiée lui permet d’observer les galanteries de la cour, qu’elle transposera ensuite dans ses écrits.

En 1662, publication de La Princesse de Montpensier, sous le nom de Segrais, puis vient en 1678, La Princesse de Clèves.

En1689, Madame de La Fayette compose la Mémoires de la Cour de France pour les années 1688 et 1689. Cet ouvrage sera publié après sa mort.

Malade, Madame de La Fayette meurt le 26 mai 1693, « avec une piété admirable » comme l’écrit Racine.