»La fabrique des pervers » de Sophie Chauveau

Titre VF : La fabrique des pervers

Autrice : Sophie Chauveau

Editions Gallimard, 2016.

Genre : Littérature contemporaine, Féminisme, Témoignage, Autobiographie

 » Que dire, que faire surtout de la culpabilité de s’être laissé faire, d’avoir fatalement été complaisantes à la volonté de souillure, que nos pères présentaient comme la moindre des choses, la manière la plus naturelle au monde de se comporter. Puisqu’ils nous aimaient. Puisque nous les aimions. Et c’est vrai bien sur, que d’abord nous les avons aimés, c’est même précisément de ça qu’ils abusaient le plus.  »

Résumé :

 » Comprenant qu’elle était loin d’être la seule à avoir connu une enfance et une adolescence saccagées, Sophie Chauveau a enquêté pour dresser l’inventaire des victimes et des bourreaux de sa famille. La dynastie de pervers, qui commence avec le dépeceur du Jardin des Plantes pendant le siège de Paris, se poursuit sur trois générations.

Unique par l’ampleur de ce qu’il dévoile, son témoignage sur l’inceste est d’une force inouïe.

Voici le roman monstrueux d’une famille hors normes.  »

Chronique :

Sortie en 2016, le témoignage de Sophie Chauveau n’a pas fait l’effet d’un pavé dans la marre comme celui de Vanessa Springora ou Camille Kouchner, mais il est essentiel afin de comprendre la société avant et post #Metoo. Nous sommes désormais dans une période de libération ou tout du moins d’écoute de la parole, des femmes, des victimes, des minorités et c’est l’évocation de ce texte par Camille Kouchner, dans la Grand Librairie, qui remet au jour ce témoignage.

C’est à l’occasion d’une rencontre avec sa cousine que l’autrice découvre qu’elle n’a pas été seule à être abusée dans son enfance. En effet, en cherchant un peu à recouper les dates et événements, elles découvrent l’ampleur de l’horreur. Une véritable  »fabrique des pervers » de génération en génération. Les mœurs de cette famille étrange, où les parents vivent nus, se touchent et touchent leurs enfants, où les fêtes de famille sont le prétexte à d’étranges mises en scènes nudistes et de blagues potaches qui se terminent bien souvent, par des viols et incestes pures et simples. Tous le savent, mais personne n’en parlent, tous se taisent et font comme si.

Sophie Chauveau brise le silence et l’omerta sur sa famille, mais ce qui fait de ce livre plus qu’un témoignage, c’est l’évocation de la loi et du sentiment de culpabilité de la victime, là où le bourreau ne reconnaît pas ou si peu les actes. Elle parle de son père, mais aussi de l’absence de rôle de sa mère, qui savait mais ne parlait pas, ne partait pas. L’autrice expose ses blessures, sa construction chaotique en tant qu’adulte toujours ramenée à l’enfance. Elle va même plus loin en questionnant son rapport à la sexualité, à la maternité et à l’amour et brise le tabou de la victime consentante.

La fabrique des pervers, un livre indispensable afin de comprendre les mécanismes psychologiques de la victime, du bourreau mais aussi de l’entourage…

3 réflexions sur “ »La fabrique des pervers » de Sophie Chauveau

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