Titre VF : Mémoire de fille
Autrice : Annie Ernaux
Editions France Loisirs, 2017.
Genre : Autobiographie, Auto-fiction, Littérature contemporaine
Prix Nobel Littérature 2022.
» Il répète qu’il voudrait qu’elle jouisse. Elle ne peut pas, il lui manie le sexe trop fort. Elle pourrait peut-être s’il lui caressait le sexe avec la bouche. Elle ne le lui demande pas, c’est une chose honteuse à demander pour une fille. Elle ne fait que ce dont il a envie.
Ce n’est pas à lui qu’elle se soumet, c’est à une loi indiscutable, universelle, celle d’une sauvagerie masculine qu’un jour ou l’autre il lui aurait bien fallu subir. Que cette loi soit brutale et sale, c’est ainsi. »
Résumé :
»J’ai voulu l’oublier cette fille. L’oublier vraiment, c’est-à-dire ne plus avoir envie d’écrire sur elle. Ne plus penser que je dois écrire sur elle, son désir, sa folie, son idiotie et son orgueil, sa faim et son sang tari. Je n’y suis jamais parvenue. »
Annie Ernaux replonge dans l’été 1958, celui de sa première nuit avec un homme. Nuit dont l’onde de choc s’est propagée violemment dans son corps et sur son existence durant deux années. S’appuyant sur des images indélébiles de sa mémoire, des photos et des lettres écrites à ses amies, elle interroge cette fille qu’elle a été dans un va-et-vient implacable entre hier et aujourd’hui.
Chronique :
Redécouverte par le Nobel de littérature qu’elle a reçu en 2022, Annie Ernaux est une autrice d’auto-fiction qui utilise la matière de sa propre existence dans ses romans. Dans Mémoire de fille, elle revient sur l’été 1958, celui de toutes les premières fois. Premier job étudiant, premier flirt et première cuite. Elle se découvre une autre durant ces longues semaines et se perd à essayer de ressembler à la fille qu’il faut être.
Mémoire de fille est un récit interpellant et puissant, qui par le jugement et le recul de l’autrice sur sa propre histoire, nous donne une image de ce que les événements, les chutes et les envolées de l’adolescence laissent comme traumas. La réappropriation de son histoire par l’écriture du passé, doublée du jugement sur ses actes donnent au récit une force violente. La fille de l’été 58 écrite par la femme mûre est abrupte, sans phare. Elle nous donne à voir ce qui a été et ce qui est advenu…
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J’ai ce livre dans ma bibliothèque mais je ne l’ai pas encore lu. J’aime la citation. Elle m’a toujours frappée.
C’était mon premier Ernaux et pas le dernier tant j’ai aimé son écriture et tant j’aime l’autofiction. Ce regard sur le passé, ce recul et cette violence c’est juste et dramatique.
J’ai beaucoup aimé ce roman où, en se dévoilant, elle dit des choses fortes sur les rapports homme-femme de l’époque. Ce fut un vrai moment d’espoir et de bonheur pour moi que ce Prix Nobel bien mérité !
Exactement ! C’est une magnifique récompense d’un travail pertinent et la reconnaissance de l’autofiction.
Je ne sais pas trop quel livre lire d’elle mais ta courte chronique fait envie.
Je n’ai lu que celui-ci mais il abord le passage de l’enfance à l’adolescence d’une façon rude, réaliste et juste…
J’aimerais bien lire un livre de cette autrice mais je ne sais pas trop vers lequel aller. J’aime bien le fait qu’elle lit la fiction à sa propre vie.
J’aime beaucoup l’autofiction je trouve que cela révèle beaucoup de l’humain et de la société… Je n’ai lu que celui-ci donc je ne peux pas véritablement te donner des conseils, mais celui-ci m’a beaucoup plus ! C’est rude, violent, comme peu l’être le passage de l’enfance à l’adolescence…